Les routes de la poste à cheval, de 1632 à 1833


Anne Bretagnolle, Nicolas Verdier

Le réseau des routes de la poste aux chevaux constitue le premier système de transport rapide de personnes organisé par la monarchie française dans les limites du territoire national. Les "chaises de poste" font partie des très rares attelages (en dehors de ceux liés au roi de France) à pouvoir se déplacer au galop sur les routes (document 2, document 3 et document 4). La poste aux chevaux est constituée par un ensemble de relais tenus par des « maîtres de poste », généralement aubergistes ou fermiers importants, qui détiennent un certain nombre de chevaux (une "cavalerie") mis à la disposition du système en échange d'une rétribution. Le nombre de chevaux varie selon la période et l'importance de la route et fait partie des critères pour ouvrir ou fermer un relais. Néanmoins aucune statistique exhaustive n'existe sur ce point. Les relais sont donc en général composés d'un logis, d'un point d'eau, d'une forge, d'écuries et de granges (document 4 et document 5). Ils peuvent dans certains cas avoir été intégralement construits dans ce dessein (relais des Ormes aux limites de l'actuel département de la Vienne) (document 6), mais ce n'est pas le cas général. Des postillons conduisent les chevaux loués jusqu'au relais suivant puis les ramènent. Ce service n'est donc pas à confondre avec la poste aux lettres qui ne transporte que des lettres et qui regroupe l'ensemble des bureaux dans lesquels les usagers déposent ou retirent le courrier acheminé depuis le relais le plus proche, cela sachant que la Poste aux Lettres a sur certains itinéraires son propre système de relais. Il peut cependant exister une relation technique entre poste aux lettres et poste aux chevaux, lorsque la poste aux lettres fait voyager des ballots de courriers accompagnés d'une personne par les voitures de la Poste aux chevaux (Belloc 1886, Marchand 2006).

Les routes de la poste à cheval apparaissent dès le 16ème siècle et disparaissent en 1873. La distance entre chaque relais est exprimée en "Poste". La valeur de cette "Poste" varie dans l'espace, en fonction de la qualité des routes, et varie dans le temps, passant d'une moyenne d'environ 9.5 km en 1708 à environ 7.5 kilomètres en 1833. Le nombre de "Postes" entre les relais évolue aussi au cours du temps, puisqu'on observe une majorité de mesures d'une "Poste" en 1708 et deux "Postes" en 1833 (Bretagnolle, Verdier 2006). La distance moyenne à vol d'oiseau entre relais passe sur cette période de 12.2 à 14.3 kilomètres.

Si les transports liés à la Monarchie constituent l'essentiel des échanges au 17ème siècle, la part du transport de voyageurs croit ensuite très nettement. Outre le transport d'objets accompagnés et de personnes, la route de poste assure un rôle essentiel dans la diffusion de l'information et permet l'intégration de régions isolées dans des circuits d'échanges commerciaux régionaux, nationaux ou transnationaux.

Les sources permettant de reconstituer la liste des relais de la poste aux chevaux sont des cartes anciennes ou des livres (appelés Livres de Poste). Pour une dizaine de dates, échelonnées entre 1632 et 1833, ils ont été saisis sur un Système d'Information Géographique et reliés par des segments à vol d'oiseau, offrant ainsi une vision simplifiée mais utile du réseau français des routes de poste (Bretagnolle et al. 2010, Verdier 2007). Ces routes sont en effet pensées plus comme des itinéraires entre points, un peu à la façon des guides de pèlerinages médiévaux, que dans la matérialité des voies. La question est d'importance dans un système de transport qui doit acheminer coûte que coûte les voyageurs d'un lieu à un autre, quel que soit l'état des voies et la période de l'année. A une époque ou le réseau viaire est bien plus dense qu'aujourd'hui, savoir précisément quelle voie était utilisée, en fonction des moments de l'année et de l'entretien effectué, reste difficile. Les statistiques routières des années 1820-1830 qui traitent les questions des lacunes et de l'état d'entretien montrent qu'encore à cette époque les grandes voies ne sont que rarement intégralement utilisables, malgré leur classement dans telle ou telle catégorie (route royale, départementale...). Ce qu'offrent les Livres de Poste, c'est finalement une liste de points de passage obligés reliés par les meilleures voies disponibles au moment du transport.

Voir aussi :
- L'Atlas de Trudaine
- Le réseau urbain médiéval et moderne

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