Les écrits de Grégoire mentionnent dans le diocèse de Tours, à l'extérieur de la ville épiscopale, 37 églises (dont 34 sont localisées dans des vici) et 5 oratoires, dont l'un est situé dans la villa de Martigny, trois autres sont associés à des monastères (Chinon, Sennevières, Saint-Senoch), et le dernier a été construit sur la tombe de sainte Maure et sainte Britte à Sainte-Maure-de-Touraine. Les monastères mentionnés par Grégoire dans son diocèse sont au nombre de 6 : outre Chinon, Sennevières et Saint-Senoch, déjà cités, il mentionne ceux de Marmoutier, Loches et Maillé (aujourd'hui Luynes). A ces lieux de culte attestés par les écrits de Grégoire, il faut ajouter l'oratoire d'Artannes dont Fortunat lui attribue la construction.
Ce sont donc au total 45 lieux de culte, de statut différent, qui sont attestés dans le diocèse de Tours par les sources écrites à la fin du 6e s. Tous appartiennent à des localités situées actuellement dans le département d'Indre-et-Loire, sauf Mareuil-sur-Cher aujourd'hui en Loir-et-Cher.
Entre 600 et 900, les sources écrites mentionnent deux monastères, Cormery et Villeloin, fondés respectivement en 791 et 850, une église construite vers 850 à l'extérieur du monastère de Marmoutier pour exalter les reliques de saint Gorgon, cinq églises rurales (à Epeigné-les-Bois, Coulangé, Saint-Epain, Saint-Symphorien et Truyes), et une quinzaine de chapelles dans neuf localités : Martigny, (commune de Fondettes), Courçay, Notre-Dame d'Oé, Thuré (commune Saint-Paterne-Racan), Ligueil, Mosnes, Ports, Saint-Epain, ainsi que Restigné, dans la partie du diocèse d'Angers rattachée à l'Indre-et-Loire.
Sur les 45 lieux de culte connus avant 600, seuls le monastère de Marmoutier et deux églises rurales ( Martigny et Thuré) sont attestés à nouveau entre 600 et 900.
Dans la mesure où tous les lieux de culte mentionnés avant 600, à l'exception de celui du vicus de Calatonno, qui a disparu ou changé de nom, sont attestés ultérieurement, il faut certainement attribuer ce silence aux lacunes des sources. Les églises et chapelles nouvellement citées entre 600 et 900 doivent donc être ajoutées à celles qui étaient connues avant 600 et le total des lieux de culte mentionnés hors la ville de Tours, vers 900, est donc d'une soixantaine.
Entre 900 et 1200, le nombre de lieux de culte nouvellement mentionnés s'élève à 242 pour le territoire correspondant au département d'Indre-et-Loire. Toutes les églises mentionnées entre 600 et 900 sont citées au moins une fois pendant les trois siècles suivants.
Parmi les 45 lieux de culte mentionnés avant 600, certains réapparaissent après une éclipse de trois siècles, mais beaucoup sont encore absents. A l'exception de Thuré, et d'une des deux églises de Neuvy-le-Roi, ils refont tous surface dans la documentation de la fin du Moyen Age et de l'époque moderne. Il semble donc justifié de considérer que l'absence de toute mention de ces lieux de culte entre 600 et 1200 est imputable aux sources. Si on les ajoute à ceux qui sont nouvellement mentionnés, le total des lieux de culte attestés s'élève à 301 dans les limites de l'actuel département d'Indre-et-Loire. Ce nombre inclut des églises de statuts divers. L'exercice de droits paroissiaux n'est explicitement attesté que pour 72 d'entre elles.
Divers documents fiscaux donnent des listes d'églises imposables à la fin du Moyen Age (LONGNON 1903). Certaines de ces listes correspondent à des taxes épiscopales (synode, procuration), d'autres à des taxes pontificales (décimes). Aucune de ces listes, établies avec des objectifs différents, ne donne une liste exhaustive des églises. Les établissements religieux exonérés, comme les églises trop pauvres pour être taxées, sont généralement passés sous silence.
La compilation de ces listes permet de recenser 310 lieux de culte sur le territoire de l'Indre-et-Loire. On voit réapparaître dans ces listes une bonne quinzaine d'églises mentionnées par Grégoire de Tours qui avaient totalement disparu de la documentation textuelle pendant un demi-millénaire.
L'histogramme représentant la répartition chronologique des églises mentionnées entre le 4e et le 12e s. fait apparaître un premier pic, dans le dernier quart du 6e s., qui reflète le poids de Grégoire de Tours dans la documentation ; le second, beaucoup moins marqué que le premier, correspond aux diplômes délivrés par Charles le Chauve en faveur des établissements religieux tourangeaux dans le troisième quart du 9e s. ; enfin, à partir du milieu du 11e s., la croissance du nombre de mentions d'églises est sensible jusqu'au troisième quart du 12e s., en dépit d'un fléchissement au début du siècle. Si on compare cette répartition à celle des lieux mentionnés dans les sources écrites au cours de la même période, on constate qu'elle présente un profil très similaire, ce qui indique de toute évidence que le nombre d'églises mentionnées reflète avant tout les aléas de la production et de la conservation des documents (ZADORA-RIO 2008:19-31).