La majorité de ces constructions ont été édifiées sur des sites de hauteur dont le caractère défensif a parfois été renforcé par le creusement de fossés pour isoler l'extrémité du promontoire du plateau, comme à Loches ou Montbazon. Ces constructions quadrangulaires, érigées en petit et/ou moyen appareil, comportaient entre deux et quatre niveaux regroupant des fonctions domestiques au rez-de-chaussée (cuisine, stockage) et des fonctions publiques et résidentielles dans les étages, la grande salle, lieu d'exercice du pouvoir seigneurial, occupant en règle générale le premier étage. Toutefois, ces édifices ont pu être associés à d'autres constructions contemporaines, abritant des fonctions de même nature, comme c'est le cas à Montrichard où une grande salle et une tour ont coexisté à partir des années 1125-1130.
Le site fortifié, qui s'étend entre l'an mil et les années 1460 sur une longueur de 400 m, peut être divisé en trois zones d'est en ouest :
- la zone I s'étend entre le donjon construit par Foulque Nerra vers l'an mil (D) et le château bâti au 15e siècle (A), à l'est. Elle est délimitée au nord par un mur de soutènement (B) dont le parement en pierre de taille doit être antérieur à 1200 pour une grande part ;
- la zone II est marquée à l'est par un fort exhaussement du sol qui crée l'illusion que le donjon (D) se dresse sur une motte ; elle est délimitée à l'ouest par un fossé qui traverse tout le promontoire.
- la zone III, dont la limite occidentale est mal définie, présente au nord-est les vestiges d'une enceinte en pierre (F), qui devait doubler le fossé oriental et s'étendre sur le côté nord, ceux d'une petite chapelle romane (G) et enfin une butte interprétée traditionnellement comme une motte (H).
Cette tripartition remonte certainement aux origines du site castral et correspond, d'est en ouest, à la basse-cour (zone I), au pôle résidentiel (zone II) et au pôle religieux (zone III), la chapelle Saint-Sauveur ayant été fondée au tout début du 11e siècle par Foulque Nerra et transmise par Foulque le Jeune en 1118 aux chanoines de Toussaint d'Angers qui y établirent une petite communauté régulière.
Plans des « donjons romans » de Touraine publiés par André Chatelain en 1973, donc avant la mise au jour de la résidence comtale de Tours. Cette planche permet une comparaison globale des dimensions des constructions dont plusieurs bénéficient maintenant de plans plus précis. Elle met aussi en évidence la diversité des contreforts :
- contreforts rectangulaires et plats au Grand-Pressigny, à Langeais, Montbazon, Montrichard, Saint-Christophe ;
- contreforts semi circulaires à Montbazon et semi circulaires sur dosseret à Loches, qui constitue un unicum à l'échelle de la France.
Montbazon se distingue donc par l'association, elle aussi unique, de deux types de contreforts, semi-circulaires à l'est et plat au nord, et par l'absence de contreforts à l'ouest et au sud. Loches est également dépourvu de contreforts sur un côté, à l'ouest.
La résidence de Tours, restitution axonométrique vue du sud-est (extrait de GALINIE 2007 : 79).
La résidence de Langeais : restitution de l'état 1 (dessin E. Impey ; IMPEY, LORANS 1998).
La tour sud est attestée par des traces d'arrachements et des vestiges au sol ; la présence d'une tour au nord est déduite de plusieurs indices architecturaux, mais en l'absence de traces d'arrachement à hauteur du mur sud, on doit restituer une construction ouverte de ce côté ou en pans de bois. Cette tour a pu abriter une cage d'escalier.
Le donjon de Loches, vue extérieure du nord-est montrant la grande et la petite tour garnies de contreforts semi-circulaires sur dosseret (cliché : Elisabeth Lorans).
La tour maîtresse de Semblançay, vue extérieure du sud-est montrant les contreforts rectangulaires, dont la hauteur correspond à celle du rez-de-chaussée, et deux ouvertures à l'étage : à gauche (mur sud), porte d'accès d'origine ; à droite (mur est), petite fenêtre percée au-dessus du contrefort médian (cliché : Louis Bousrez, 1896, collection SAT, BFP 0145-0474).