L'agglomération gallo-romaine de Mougon, sur la rive droite de la Vienne, était un important centre de production potière au cours du Haut Empire. Elle est mentionnée au 6e s. comme vicus par Grégoire de Tours qui y signale l'existence d'une église fondée par l'évêque Perpet au 5e s.
La localité paraît avoir conservé son importance jusqu'au 10e siècle, au cours duquel Mougon apparaît dans les textes en tant que chef-lieu de viguerie. Cependant, à partir de la fin du siècle, l'ancien centre de pouvoir antique s'efface au profit de l'agglomération voisine de L'Ile-Bouchard établie autour du château. Mougon demeure un centre paroissial puis un chef-lieu de commune autonome avant d'être rattaché à la commune de Crouzilles en 1833.
La parcelle des Poulons Guérêts concentre l'essentiel des structures antiques connues qui, toutefois, semblent se prolonger sous l'habitat actuel. L'emprise de l'agglomération est délimitée à l'est par les sépultures et au sud par la Vienne. L'ancienne voie de chemin de fer semble marquer approximativement la limite nord (les vestiges gallo-romains ne s'étendent guère au-delà de la parcelle du clos) tandis que l'on fait coïncider la limite ouest de l'occupation antique avec la limite ouest de l'habitat moderne.
Les variations de densité d'inhumations observées au cours des fouilles témoignent d'une réduction de l'espace funéraire entre la nécropole initiale de près de 3 ha matérialisée par les sarcophages et le cimetière paroissial cantonné à un périmètre restreint autour de l'église. La découverte d'une plaque-boucle et la chronologie d'utilisation des sarcophages trapézoïdaux en calcaire en Touraine ont conduit à dater la phase primitive d'inhumation des 7e-8e siècles, phase contemporaine des indices d'occupation domestique recueillis à l'ouest en périphérie de l'agglomération actuelle.
En 2003, dans le cadre d'un projet développé au sein de l'Action Concertée Incitative « Terrain, Technique et Théorie » du ministère de la recherche, une campagne de prospection en carroyage a été conduite au nord du bourg (Zadora-Rio, Ferdière 2008). Outre le ramassage de surface, des prospections géophysiques (Loveluck, Strutt 2008, Marmet 2008), géochimiques (Clogg 2008) et un relevé topographique ont été réalisés. Les prospections géophysiques couplés à l'étude de la répartition de la céramique par cellule de ramassage (Moreau 2008, Moreau, Morice, Salvador-Blanes, Bourennane 2011) a permis d'identifier la limite nord-ouest de l'aire de répartition des vestiges antiques qui ne s'étendent pas au-delà de la parcelle du clos.
Provenance des céramiques importées dans l'Antiquité
L'étude de la céramique collectée lors des prospections de 2003 a permis de replacer la production de l'atelier dans un contexte plus large. Au Haut Empire, Mougon approvisionne la cité entière ainsi qu'une partie du centre de la Gaule si l'on se réfère à l'aire de diffusion des amphores (présence d'amphores à Angers). Le secteur s'insère également dans les réseaux commerciaux à longue distance comme en témoigne la présence de céramiques d'importations notamment la sigillée.
Vue aérienne de la parcelle des Poulons Guérêts (vue de l'ouest) montrant le réseau de voies antiques constitué d'une voie principale est-ouest et de voies secondaires grossièrement perpendiculaires à la voie principale.
Crédit photo : Jacques Dubois
L'église de Mougon, vue du sud (mur gouttereau nord)
Crédit photo : Corinne Scheid