Sépultures et pratiques funéraires du premier âge du Fer (800-450 av. J.-C.)


Pierre-Yves Milcent

Les gisements funéraires de l'âge du Fer antérieurs à La Tène finale sont très mal connus en Touraine. Deux seulement datent du premier âge du Fer, un troisième, hypothétique, pourrait être contemporain. Mais, comme pour l'âge du Bronze, il est envisageable que certains des fossés d'enclos circulaires repérés par prospection aérienne correspondent aux délimitations de monuments funéraires de cette époque. Le manque de recherches sur le premier âge du Fer régional n'explique pas entièrement cette méconnaissance. Celle-ci reflète sans doute aussi un problème de conservation différentielle ; il semble qu'une part significative des sépultures de cette époque ait été installée à même le sol, ou bien dans une fosse peu profonde, pour être ensuite recouverte d'un tertre de terre, si bien que dans les campagnes soumises à une forte érosion agricole, les tumulus, à l'exception des plus volumineux, ont peu de chance de se conserver, de même que les sépultures qu'ils abritaient.

Le premier gisement funéraire correspond à un tumulus (20 m de diamètre, 1 m de hauteur) arasé à Braslou durant un défrichement (DUBREUIL-CHAMBARDEL 1921). Le monument, en terre, était délimité par une couronne de pierres sans doute doublée extérieurement d'un fossé circulaire. Il abritait 4 ou 3 inhumations associées à de la céramique et quelques objets en fer non décrits. Le mobilier n'étant pas conservé, l'attribution chronologique du site reste incertaine.

Un second tumulus en terre a été fouillé sur le plateau de Sublaines, à proximité immédiate d'un tumulus monumental de la fin de l'âge du Bronze (CORDIER 1968 ; 1975). Avec un diamètre de 40 m et une élévation de 8 à 9 m observés au 19e s., il s'agit de la plus grande tombe protohistorique connue en Touraine. Un muret circulaire de pierre sèche, cerné extérieurement par deux fossés d'enclos, ceinturait la base de l'élévation. Au centre, quelques vestiges d'une tombe à char pillée ont pu être collectés. Des os humains, dont certains brûlés, correspondraient à 4 sujets dont un enfant. Ils étaient associés à une épingle à tête de corail, une fibule hallstattienne à pied riveté et aux fragments d'un char à quatre roues de modèle hallstattien. Le mobilier, datable du Hallstatt D2 (540-510 av. J.-C.), est importé ou imité des productions de l'Est de la France. Néanmoins, la présence d'une crémation et de plusieurs défunts dans la même sépulture est originale et ne permet pas d'assimiler la sépulture de Sublaines à une tombe à char hallstattienne classique, c'est-à-dire avec une inhumation individuelle déposée sur le véhicule. Peut-être retrouve-t-on ici les indices d'une mixité culturelle que l'on trouve pour d'autres sites et d'autres époques de la Protohistoire de Touraine. L'importance de la sépulture, sa proximité avec une tombe exceptionnelle de l'âge du Bronze montrent que le site de Sublaines a constitué une nécropole élitaire, et pose le problème de la localisation à proximité d'un lieu de résidence privilégié. Quoique remarquable, la nécropole de Sublaines n'est pas forcément unique en Touraine : un second pôle funéraire privilégié pourrait être identifié à Amboise si l'on veut bien admettre que le tertre (« Butte de César ») érigé entre les remparts protohistoriques puisse correspondre à un grand tumulus du premier âge du Fer (DEBAL, PEYRARD 1985). Un tel cas de figure (tumulus de grande taille associé à un site fortifié) est effectivement attesté sur d'importants établissements de la fin du premier âge du Fer dans des régions voisines.

Voir aussi :
- Amboise : la ville gauloise et gallo-romaine

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