Les lieux d'inhumation du haut Moyen Age (400-1000)


Philippe Blanchard

Carte 1

L'inventaire des lieux d'inhumation du haut Moyen Âge actuellement connus en Indre-et-Loire comprend 158 sites. Dans la plupart des cas, il s'agit de découvertes anciennes, remontant au 19e ou à la première moitié du 20e siècle, et les informations sont très lacunaires. Ce sont le plus souvent de simples mentions qui signalent la présence de sarcophages, et, plus rarement, de mobilier, mais la localisation précise, le nombre et la datation des tombes sont le plus souvent inconnus. Sur l'ensemble des sites répertoriés, seuls 25 peuvent être considérés comme fiables en raison d'une bonne localisation et d'une qualité de l'archivage des données de fouilles qui en permet l'exploitation. Ils ont tous fait l'objet d'interventions archéologiques dans les décennies 1990 et 2000, à l'exception de celui de Sublaines, fouillé à la fin des années 1960.

Ces sites fiables sont les seuls pris en compte pour les cartes 2,3 et 4 qui portent sur la chronologie. En revanche, l'ensemble des découvertes a été utilisé pour la carte de répartition des sarcophages (carte 5).




Carte 2

A partir de la fin du 3e siècle, la pratique de l'incinération des morts disparaît et le seul mode de sépulture attesté est l'inhumation. On rencontre différents types de sites funéraires au cours du haut Moyen Age. Les plus représentés sont les nécropoles, mais il y a également de petits ensembles funéraires (5 à 10 tombes) et des sépultures isolées (1 à 5 tombes). Dans l'état actuel des connaissances, les nécropoles de Touraine regroupent des communautés de taille modeste et ne dépassent pas 200 à 300 sépultures. La plus grande nécropole connue à ce jour est celle de La Carqueterie à Parçay-Meslay avec une estimation comprise entre 500 et 600 individus. La rareté du mobilier funéraire est notable, et aucune tombe à armes n'est attestée sinon par trois découvertes anciennes.

Certaines de ces nécropoles (Noyant « Le Bois du Marais », Tours, Chinon) apparaissent dès le Bas-Empire, aux 4e-5e siècles, les autres seulement au 6e siècle. A l'exception de celles de Tours et de Chinon, associées à des lieux de culte précoces (Saint-Martin à Tours, Saint-Mexme à Chinon), aucune ne perdure au-delà des 7e-8e siècles.




Carte 3

Aux 9e et 10e siècles, les petits ensembles funéraires et les sépultures isolées se font plus nombreux. Les sites funéraires qualifiés de nécropoles sont tous associés à des centres paroissiaux attestés plus tardivement au Moyen Age, mais la relation chronologique entre l'église et les premières inhumations n'est pas toujours établie. L'existence d'une église dès le 5e-6e siècle est attestée à Esvres et à Saint-Mexme de Chinon par Grégoire de Tours. A Rigny, l'église a été construite à la fin du 7e ou au début du 8e siècle, antérieurement à la première phase d'inhumation qui commence vers le milieu du 8e siècle.




Carte 4

Les durées d'occupation funéraire indiquées sur cette carte concernent uniquement les siècles antérieurs à l'an mil sans tenir compte des lieux d'inhumation qui sont restés en usage au cours du second millénaire. Les sites qualifiés de nécropoles sur la carte précédente (carte 3) sont à l'origine des cimetières paroissiaux qui ont perduré jusqu'à l'époque contemporaine.




Carte 5

Les sarcophages sont généralement minoritaires dans les nécropoles fouillées récemment, mais ils sont surreprésentés parmi les découvertes anciennes, en raison de la plus grande visibilité de ces tombes et de l'attrait qu'elles ont exercé au détriment de sépultures plus modestes, qu'on ne savait guère dater jusqu'aux progrès récents des datations par le radiocarbone.

Compte tenu de leur réutilisation fréquente, il est difficile de dater la fin de la période de production massive des sarcophages. Leur utilisation en série se poursuit au moins jusqu'au 8e siècle inclus, voire au-delà. A Chinon, des sarcophages trapézoïdaux sont postérieurs à des fosses contenant de la céramique du 9e siècle.




mentions légales | Haut de page

Contact
Sommaire
Auteurs
Glossaire
Bibliographie générale
Recherche