Fondettes "Les Cochardières" : l'établissement du haut Moyen Âge


Stéphane Joly

La première occupation du site est antique. Une vaste extraction calcaire du Haut-Empire transformée en dépotoir et deux portions de chemin en bordure de la voie supposée menant de Tours au Mans attestent d'une occupation extensive de ce secteur du plateau, aux bonnes potentialités agricoles et en proche périphérie du centre urbain de Tours.

La principale occupation est médiévale. Au moins quatre concentrations de vestiges domestiques (trous de poteau, fosses, fosses dépotoirs, possibles silos, four, puits etc.) ont été repérées sur les trois zones décapées (carte 2). Leurs datations s'échelonnent du 5e-6e s. jusqu'au 9-10e s. Chacune de ces concentrations, par la nature et le nombre assez restreint ou habituel des vestiges et du mobilier, comme par exemple la taille apparemment modeste des bâtiments repérés, correspond sans doute à une unité d'habitat et d'exploitation agricole pour un nombre réduit de résidents. Au nord une activité métallurgique est envisagée mais le contexte de découverte des scories et fragments de paroi de four, en réemploi comme calage de poteau, ne permet pas d'être assuré de leur datation.

Cette densité apparente de quatre habitats sur une superficie d'à peine 6,6 ha est à relativiser en prenant en compte la durée de chaque occupation qui semble assez réduite. Les datations obtenues, essentiellement par l'étude céramique, démontreraient la présence au même moment d'un unique habitat, voire au maximum de deux. Les fourchettes chronologiques obtenues, de l'ordre d'un ou deux siècles, pouvant être supérieure aux durées effectives de chaque occupation masquent d'éventuels hiatus. La succession de ces établissements sur des espaces différents implique-t-elle la mobilité d'un même habitat pérenne, ou à chaque fois la création et disparition d'établissements distincts et relativement éphémères ? Instable ou mobile, le peuplement apparait en tous cas dynamique jusqu'à sa disparition de l'emprise des terrains aux 10-11e s.

La découverte à "La Perrée", environ 200 m à l'est, d'un autre probable habitat du 9-10e s. (BLANCHARD, PORCELL 2003) confirme la forte densité de l'occupation de ce secteur à cette époque ainsi que son dynamisme.

Parallèlement à ces habitats a été découvert un ensemble funéraire (carte 3, et document 1, document 2, document 3). Composé d'au moins 19 sépultures, il est installé au bord d'une dépression humide qui succède à l'extraction antique. La population inhumée ne possède pas de caractéristique particulière par rapport à d'autres ensembles médiévaux ; femmes et hommes sont représentés ainsi que l'ensemble des classes d'âge adulte. Un seul enfant a été identifié. Pour pallier l'insuffisance de mobilier datant, 5 datations par radiocarbone ont été effectuées avec des résultats s'échelonnant régulièrement entre le début du 7e s. et le début du 15e s. Devant les problèmes d'interprétation soulevés (JOLY 2005), des échantillons supplémentaires ont été analysés et les résultats se sont en partie avérés déroutants et peu compatibles entre eux. Une collaboration au long cours avec le Centre de Datation par le Radiocarbone de Villeurbanne a été engagée pour comprendre le phénomène et adapter les analyses. Au total, moins d'une dizaine des 24 datations effectuées concernant 14 sépultures peuvent être considérées comme fiables. Elles confortent une attribution chronologique du premier haut Moyen Âge (du 5e s. au 8e s.).

La découverte de petits groupes de sépultures inhumées à l'écart de tout lieu de culte est devenue chose courante dans les fouilles d'habitats ruraux du haut Moyen Age depuis une vingtaine d'années, et elle concerne entre un tiers et la moitié des sites fouillés en région Centre.

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