Mareuil-sur-Cher, "Le Casseux" : un atelier de taille du silex du Paléolithique


Christophe Fourloubey

Coordinateur des opérations archéologiques de l'A85 : Thibaud Guiot.

Fouille sur une superficie de 500 m² (site n°42 sur le tracé de l'autoroute A85).

La fouille a permis d'étudier les vestiges d'un atelier de silex exploité au Magdalénien (environ 16 000 ans BP) (document 2). Éclats, lames, et restes de blocs taillés (nucléus) ont été découverts (document 3 et document 4) alors qu'aucun vestige organique ne nous est parvenu. Le site se trouve à la confluence entre un affluent du Cher (la Civière) et un petit ruisseau intermittent (le Casseux). Le lieu est favorable à la chasse (comme c'est le cas pour toutes les confluences), et offre aussi l'avantage de procurer des blocs bruts d'un silex de très bonne qualité. À ce titre, il représente un gisement de matière première lithique remarquable. Le silex est le matériau habituel des outillages de pierre en Europe de l'Ouest, mais son aptitude au débitage, sa forme, sa teinte et son abondance varient beaucoup d'une région à l'autre.

La qualité du silex dans la vallée du Cher, et notamment au "Casseux", a joué un rôle attractif pour les populations magdaléniennes, très consommatrices de longues lames minces, donc très exigeantes sur la qualité de la matière première. Vingt-cinq mille silex taillés ont été récoltés sur une petite surface de 500 m². Les productions sont homogènes, résultent d'actions répétitives, et constituent un cortège industriel connu dans les premiers temps du Magdalénien. Les lames produites sur place ont été emportées. Les seuls témoins subsistants sont quelques fragments abandonnés sur place (document 3) et des négatifs sur les nucléus (document 4). Les tailleurs ont pu conserver ces lames et les utiliser au sein de leur groupe sur d'autres habitats, et peut-être même en céder une partie à d'autres individus, au gré de leurs rencontres.

L'analyse fonctionnelle des silex révèle une large diversité au "Casseux", même si les interventions sur le bois animal et l'os dominent largement les activités. On reconnaît notamment la part importante du travail de bois de cervidé par les traces observées sur les burins, les épines, les perçoirs, les lames brutes, les encoches et les denticulés, qu'il faut mettre en relation avec la présence dans la région du gibier favori des Magdaléniens, le renne.

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