Saint-Romain-sur-Cher (41), « Les Cormins » : l'agglomération gallo-romaine et l'occupation médiévale


Philippe Salé

Coordinateur des opérations archéologiques de l'A85 : Thibaud Guiot.

À la suite d'une campagne de prospections mécaniques réalisées sur le tracé de l'autoroute A.85, de nombreux vestiges mobiliers et immobiliers ont été découverts à Saint-Romain-sur-Cher, au lieu-dit « Les Cormins » (Loir-et-Cher) sur une surface de 2,5 ha (carte 1). Ils sont situés de part et d'autre de la voie qui relie Bourges (Avaricum) à Tours (Caesarodunum) par la rive gauche du Cher, sans doute attestée dès La Tène A ou au début de La Tène B par la présence de quatre tronçons de fossés. Treize bâtiments se développent le long de cette voie, du côté sud.

Pour la période romaine, trois phases d'occupations ont été identifiées. À partir du premier quart du 1er s. de n. è., cinq bâtiments en bois et torchis aux dimensions modestes s'inscrivent dans un parcellaire étroit et régulier. Cette installation, d'une surface de 1053 m², semble former un modèle réduit de ce qu'elle deviendra quelques décennies plus tard. En effet, vers la fin du 1er s., des changements considérables s'opèrent. La surface du site est alors portée à près de 4 ha, et les parcelles de lotissement forment désormais un carré de 45 m de côté environ (carte 2). Elles peuvent être divisées en trois ou quatre sous-ensembles. Les dimensions des bâtiments sont également accrues et ils sont construits majoritairement en pierre. Ils sont placés de manière hiérarchisée au sein des parcelles. On notera en particulier la présence d'un modeste balnéaire. Au nord-est, un vaste enclos long de 70 x 35 m a été découvert. Ses murs sont construits en grand appareil et surmontés de chaperons. Un monument placé à l'intérieur et attesté par la présence de fragments de corniche à modillons pourrait correspondre à un mausolée ou un édifice cultuel. Une activité d'extraction de pierres calcaires est documentée par la présence d'une carrière et d'un dépôt de moellons placés le long de la voie. Le coteau qui surplombe le site a été également largement entamé par cette exploitation de la pierre, mais à des dates indéterminées. L'organisation de ce site pourrait être le fruit d'une planification préalable.

À partir du 3e s. , une nouvelle transformation du site s'opère. Sa surface est restreinte à 1721 m² et seuls deux bâtiments ont été reconnus pour cette période : les vestiges de l'un d'eux correspondent à une cave et l'autre à des trous de poteau. À la fin du 3e s., le site est complètement abandonné et seule la voie subsiste. Il sera à nouveau occupé à la période carolingienne jusqu'au 13e s. Au nord, de nouveaux bâtiments sont alors construits, mais leur fonction reste incertaine. Deux groupes de sépultures, d'une trentaine d'individus chacun, ont aussi été fouillés : le premier se mêle aux habitations, et le second, plus au sud, forme deux concentrations qui encadrent la voie. Celle-ci a été finalement déplacée de quelques mètres vers l'ouest, probablement lors de la construction de la voie de chemin de fer au 19e s., et elle est désormais enregistrée sous le nom de RN 66.

Voir aussi :
- Thésée-Pouillé (Loir-et-Cher), l'agglomération antique
- Les agglomérations secondaires gallo-romaines
- Les grandes opérations d'archéologie préventive : l'exemple de l'autoroute A85, de Saint-Romain-sur-Cher à Druye

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