Chinon, la chapelle Sainte-Radegonde


Marie-Eve Scheffer

L'édifice situé à flanc de coteau, à l'extérieur des limites médiévales de la ville de Chinon (carte 2), comporte deux nefs dont l'une est troglodytique et passe pour être la partie la plus ancienne de l'édifice (document 1). Son ciel de roche est soutenu par deux colonnes monolithes. L'autre nef est construite et aurait été édifiée à la fin du 12e. s. suite à un effondrement partiel du ciel de roche (HERON 1977 : 328). Elle est aujourd'hui à nouveau à ciel ouvert. La plus ancienne mention écrite de l'édifice date de 1269 (LORANS 2006 : 508). La chapelle est par ailleurs reliée à un réseau de cavités troglodytes qui abrite une source aménagée.

Les origines de la chapelle Sainte-Radegonde sont liées à l'ermite Jean Le Reclus. Ce prêtre breton serait venu se retirer à Chinon au 6e s. (Grégoire de Tours, Liber in Gloriam confessorum : 312). La reine sainte Radegonde chercha conseil auprès de lui et lui demanda de prier pour elle. La dédicace de la chapelle rend compte de ce culte rendu conjointement à l'ermite et à la reine. Mais c'est Rabelais, qui en évoquant « l'hermite de Saincte Radegonde au-dessus de Chinon », fournit le témoignage écrit le plus ancien du lien entre l'ermite et la chapelle (Rabelais, Le Tiers livre... : chapitre 31). La chapelle est traditionnellement associée à l'oratoire construit par l'ermite (DE COUGNY 1874, HERON 1965). Mais les auteurs récents établissent une distinction entre les deux sites, même si l'emplacement de la cellule n'a pas laissé de traces (LORANS 2006 : 508). Selon la tradition locale, la paroi occidentale de la nef troglodytique aurait abrité le corps de l'ermite jusqu'à la démolition de son tombeau par les protestants en 1563. Une vingtaine de tombes rupestres ont été mises au jour dans les deux nefs. Selon E. Lorans, la datation de certaines sépultures du 6e s. ne repose que sur l'interprétation initiale de la chapelle comme lieu d'inhumation de l'ermite. Les rares éléments typologiques (présence de loges céphaliques surélevées) et le mobilier (vases funéraires) renvoient plutôt à des datations des 13e et 15e s.

Après l'épisode des guerres de religion, il faudra attendre 1643 pour que la chapelle soit restaurée dans son ensemble. C'est à cette époque que des peintures sont exécutées sur le thème de la vie de sainte Radegonde et de saint Jean (HERON 1977 : 328). A la Révolution, la chapelle est partagée entre quatre propriétaires qui y logent avec leurs animaux. C'est à l'initiative d'un propriétaire privé que l'ensemble est racheté, entièrement restauré et rendu au culte au 19e s. Le tombeau de l'ermite est reconstruit et l'autel est consacré en 1879. Depuis les années 1960, la chapelle accueille un musée des arts et traditions populaires du Chinonais.

Aujourd'hui, la chapelle est surtout connue pour une peinture murale de la fin du 12e s. qui fut découverte et dégagée en 1964 (document 2). La scène représentée, une chevauchée royale, a donné lieu à de multiples interprétations (VOYER 2004). Les plus récentes proposent un ex-voto peint en remerciement de la libération d'Aliénor d'Aquitaine (KLEINMANN, DULOS, GARCIA 2004 : 896).

Voir aussi :
- Chinon, la collégiale Saint-Mexme
- Habitat troglodytique et souterrains aménagés
- Chinon, l'évolution du site castral de la fin de l'âge du Fer à la fin du Moyen Âge

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