Saint-Patrice au Moyen Age : l'ancienne église paroissiale et le cimetière habité


Elisabeth Zadora-Rio

Le village de Saint-Patrice, dans la vallée de la Loire, n'était pas situé initialement sur son emplacement actuel, au pied du coteau, mais il était perché au sommet de celui-ci, à une distance de 1,5 km de sa nouvelle localisation. Le chef-lieu de commune a été transféré, avec son toponyme, dans la vallée, où l'actuelle église paroissiale de Saint-Patrice a été construite au milieu du 19e s. par l'architecte Guérin. L'emplacement initial du village est occupé actuellement par le parc d'un château construit en 1859 par le comte Anne-François de Chabrol, fils d'un ancien ministre de Charles X.

L'ancienne église paroissiale subsiste sur le rebord du coteau, près du château, à l'intérieur d'une propriété privée qu'on ne visite pas. La nef, qui représente la partie la plus ancienne de l'édifice, mesure environ 15m x 8m (document 1, document 2 et document 3). Elle est charpentée et présente un parement en petit appareil assez irrégulier avec des joints épais. Les chaînages d'angle sont en moyen appareil, de même que les baies en plein-cintre des murs gouttereaux. Sa construction est attribuée habituellement au 11e s., mais elle pourrait être plus ancienne. Le chœur, dont les murs ne sont pas chaînés avec ceux de la nef, est construit en moyen appareil et paraît représenter un agrandissement de l'église attribuable au 11e ou au 12e s. Un clocher-porche, également construit en moyen appareil, a été ajouté à l'ouest de la nef.La reconstruction du chevet sur un plan carré est attribuable à la fin du Moyen Age, de même que les fresques qui décoraient la nef (LELONG 1971b).

Contrairement à ce qu'avance le Dictionnaire des Communes de Touraine (COUDERC et al.1987 :759), Saint-Patrice ne doit pas être confondu avec Patriciacus, toponyme d'une villa citée dans plusieurs diplômes carolingiens du 9e et du 10e s. qu'il convient certainement d'identifier avec Parcé-sur-Sarthe (Sarthe).

Ni l'église, ni le centre paroissial n'ont fait l'objet de fouilles, mais les sources écrites médiévales indiquent clairement que le cimetière était habité, ce qui n'a rien d'exceptionnel à l'époque (ZADORA-RIO 1989 a et b). Saint-Patrice est mentionné à de nombreuses reprises dans le cartulaire de Noyers à partir du milieu du 11e s. et divers actes indiquent que la localité relevait du lignage châtelain de l'Ile-Bouchard, dans la vallée de la Vienne. Entre 1058 et 1068, un membre de cette famille seigneuriale, Archembaudus, donna à l'abbaye de Noyers, pour y établir un prieuré, l'église paroissiale de Saint-Patrice avec les revenus afférents et le quart des droits de sépulture. Il donna également aux moines sa maison, située près de l'église, et le tiers de la superficie du cimetière pour qu'ils y installent des habitants. Un document de la fin du 11e s. (vers 1089) indique que le cimetière était clôturé par une haie et que les moines y exerçaient les droits de justice sur ceux qui y résidaient. Ils y percevaient également des cens sur les maisons et des taxes sur les marchandises (Cartulaire de Noyers n°93). Divers actes du cartulaire montrent que les moines possédaient, autour de Saint-Patrice, des clos de vignes sur le coteau et des prés dans la vallée.

Le prieuré a subsisté jusqu'à la Révolution, mais l'ancien centre paroissial de Saint-Patrice paraît avoir été déserté par ses habitants bien avant le transfert du chef-lieu dans la vallée et la construction de la nouvelle église au milieu du 19e s. Sur l'état de sections du cadastre de 1829, antérieur à la construction du château, les parcelles qui entourent l'église portent la dénomination de « Bourg » mais seules quelques rares constructions sont figurées sur le plan (carte 2). Le cimetière paroissial représenté autour de l'église occupe une superficie restreinte, certainement bien inférieure à celle qu'occupait le cimetière habité mentionné dans les sources écrites médiévales. L'espace funéraire a sans doute été réduit par étapes successives, comme dans le cas de Rigny.

Voir aussi :
- Les cimetières paroissiaux médiévaux et modernes
- Rigny-Ussé: la fouille de l'ancien centre paroissial de Rigny et les transformations du cimetière (milieu 8e s.-1865)
- Inventaire des églises paroissiales préromanes en Indre-et-Loire et en bordure des départements limitrophes

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