Esvres-sur-Indre, "Les Billettes" : un établissement rural gaulois et gallo-romain


Nicolas Fouillet

Coordinateur des opérations archéologiques de l'A85 : Thibaud Guiot.

Fouille de moins d'1 ha (site n°57 sur le tracé de l'autoroute A85).

La fouille a révélé une concentration importante de vestiges qui matérialisent un établissement agricole évoluant du 2e s. av. J.-C. au 3e s. ap. J.-C. Quatre périodes ont été identifiées (carte 2).

Le début de l'occupation intervient au 2e s. av. J.-C. Elle s'intensifie au siècle suivant jusqu'à l'époque augustéenne. Le réseau fossoyé de La Tène finale est manifestement l'élément originel du site (carte 2, Période 1). Il matérialise, avec sept bâtiments sur poteaux, une exploitation agricole. L'enclos délimite un espace d'environ 4000 m². Les dépendances agricoles pourraient être situées à l'intérieur de l'enclos, et le secteur résidentiel légèrement à l'écart, hors emprise de la fouille.

Bien que l'occupation des lieux soit continue, le site évolue au 1er s. de n. è. sans tenir compte des installations précoces. Les bâtiments sur poteaux sont détruits et l'enclos est en grande partie abandonné. L'hypothèse d'un établissement agropastoral est retenue en priorité, en accord avec l'étude palynologique qui atteste un milieu très anthropisé et la présence d'activités de céréaliculture. Trois ensembles de vestiges ont été individualisés : deux bâtiments et un bassin maçonné (carte 2, Période 2). Les bâtiments conservent des solins ou radiers de fondation. La présence du bassin, soigneusement maçonné, sans doute utilisé à des fins uniquement agropastorales, constitue une originalité du site (Document 1).

Aux 2e et 3e s., la configuration du bâti est profondément restructurée (carte 2, Période 3) : trois enclos et quatre bâtiments maçonnés sont répartis autour d'un espace triangulaire (Document 2, document 3 et document 4). L'étude planimétrique de cette villa atypique permet d'individualiser une pars urbana, à l'est du mur d'enclos muni d'un porche d'entrée, et une pars rustica, à l'ouest de cette limite qui regroupe un enclos maçonné et un bâtiment avec son arrière-cour attenante. La présence d'un édifice cultuel a été initialement envisagée pour ce bâtiment (fanum ?). Les éléments de comparaison les plus probants suggèrent davantage la présence d'une grange, ou d'une tour-grenier, avec porche de manutention. La villa reste en activité jusqu'à la fin du 3e s., puis l'établissement décline, phénomène assez général en Gaule. L'absence de vestiges médiévaux suggère que la récupération des maçonneries a pu commencer dès lors ou au Bas-Empire.

Les lieux sont réinvestis, au plus tard au 16e siècle, lors de l'aménagement de la ferme des "Goupillères". Cette occupation récente et le parcellaire associé modifient profondément le paysage de la zone d'étude. Il est vraisemblable que les récupérations de matériaux réalisées à cette époque finissent d'araser les vestiges de l'occupation antique, qui étaient peut-être encore visibles à l'état de ruine.

Voir aussi :
- L'habitat rural du Second âge du Fer (5e s.-1er s. av.notre ère)
- L'habitat rural à la période romaine

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