Archéozoologie


Marie-Pierre Horard-Herbin

L'archéozoologie est une spécialité de l'archéologie qui s'intéresse aux vestiges animaux découverts sur les sites archéologiques et contribue à l'histoire des relations naturelles et culturelles entre l'homme et l'animal. Les archéozoologues étudient les restes animaux conservés dans le sol archéologique, tels que les os et les dents des animaux vertébrés et les coquilles ou les exosquelettes des invertébrés.

Les premières études fauniques effectuées en Touraine datent des années 1970, avec les travaux précurseurs de Thérèse Poulain, et quatre sites ont ainsi été analysés entre 1970 et 1985. Il faudra ensuite attendre le début des années 2000 pour que le potentiel archéozoologique de la région commence à être exploité, grâce à l'essor de l'archéologie préventive et des travaux universitaires effectués à l'Université François Rabelais de Tours.

L'ensemble de la documentation rassemblée à ce jour représente 81 assemblages issus de 44 sites et concernant vingt-deux communes, celle de Tours étant particulièrement bien représentée avec quinze sites (carte 1). La répartition chronologique des données n'est pas homogène, avec deux ensembles du Paléolithique, trois du Néolithique, un de l'âge du Bronze, quatorze de l'âge du Fer (dont deux du 1er âge du Fer), huit de l'Antiquité, 42 du Moyen âge (dont 14 du haut Moyen âge et 19 du bas Moyen âge), neuf de la période moderne et deux contemporains (carte 2).

Ces assemblages ont fait l'objet d'une analyse suite à une fouille préventive, une fouille programmée, ou encore un diagnostic, en sachant que nous n'avons retenu que ceux ayant livré un nombre d'ossements supérieur à cinquante restes (en Nombre de Restes) (carte 3). Nous disposons ainsi d'une documentation dont la validité est très hétérogène selon les sites, en fonction de la qualité du ramassage (avec ou sans tamisage), du nombre de restes finalement déterminés et du temps ayant pu être consacré à l'analyse. Les contraintes de réalisation de certaines études et le manque de spécialistes font que l'on ne dispose en Touraine d'analyse fine des oiseaux, des micromammifères ou des batracien et reptiles que dans le rapport non publié de Jean-Claude Marquet pour le site paléolithique de la Roche Cotard à Langeais. De même, toute chronologie confondue, pour l'ensemble des sites pourtant géographiquement si proches de la Loire, seules quelques mentions de poissons apparaissent, alors qu'on pourrait légitimement s'interroger sur leur place dans le régime alimentaire des riverains et dans le commerce fluvial. Cela relève d'un manque général d'intérêt puisque toutes ces petites espèces (malacofaune, poissons, oiseaux, batraciens...) doivent nécessairement faire l'objet de protocoles de prélèvement et de tamisage adéquats.

Ces problèmes de prélèvement qui accentuent les disparités dues à des contextes taphonomiques parfois destructeurs, font qu'un certain nombre de sites livrent de tout petits échantillons en nombre de restes déterminés. Dix-huit assemblages sur les 81 dont nous disposons ont ainsi un nombre de restes déterminés inférieur à cent, chiffre habituellement considéré comme la marge inférieure en deçà de laquelle l'information n'est pas pertinente. Néanmoins, la présence d'une majorité d'ensembles fauniques bien documentés (vingt-sept assemblages ont livré plus de mille restes, et parmi eux, cinq plus de dix mille restes) nous autorise à faire une première carte grossière de la répartition des grands types de taxons identifiés (carte 4). C'est ainsi que l'on observe la présence récurrente d'animaux domestiques sur l'ensemble des sites depuis le Néolithique, alors que celle des mammifères sauvages, des oiseaux et des autres taxons (poissons, coquillages, batraciens, reptiles...) est beaucoup plus aléatoire, et ce, à toutes les périodes. La dernière carte présente l'espèce dominante de la triade pour les différentes périodes (carte 5), dominance qui peut parfois révéler un système agro-pastoral particulier, ou des modes de consommations spécifiques, et révèle une grande diversité en fonction des sites et des périodes. Pour développer cette approche qui garde ici un simple caractère d'inventaire des travaux réalisés, une synthèse mettant en relation le type de site (rural / urbain), son urbanisme, le contexte social (civil / religieux / militaire / aristocratique...) et économique (insertion ou non dans des réseaux d'échanges et de commerce, production locale de l'élevage ou non...) pour chacune des phases chronologiques reste à réaliser.

Ces analyses fauniques ont été effectuées par quinze archéozoologues dans le cadre de leur mission au sein de différentes institutions (INRAP, SADIL...), lors d'embauche pour des contrats ponctuels, ou encore de la réalisation de travaux universitaires (master, doctorat). Elles sont, pour la plupart, sous la forme de rapports ou de mémoires non publiés. Un important travail de synthèse, d'unification des méthodes employées et de publication est à réaliser avant de pouvoir en extraire une analyse diachronique.

Voir aussi :
- L'habitat rural à la période romaine

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