Neuvy le Roi : les prospections archéologiques


Agata Poirot

avec la collaboration de Vincent Hirn

Neuvy-le-Roi est une commune de 4 750 ha, située à 29 km au nord de Tours, qui a fait l'objet de prospections systématiques de 1992 à 1996 (POIROT 1998). Installée sur un plateau, elle est pratiquement dépourvue de relief et son altitude moyenne s'établit aux environs de 110-120 m. Le substrat géologique est composé de calcaires lacustres qui surmontent les formations argilo-siliceuses du Sénonien. Ce sont des sols à bon potentiel agricole et seulement 10% environ de la surface de la commune reste boisée.

La prospection au sol, qui a couvert 700 ha, a permis la découverte de 97 sites et 13 indices. Au total 171 000 objets ont été répertoriés, dont 30 500 tessons. Le mobilier des sites ne représente dans ce chiffre que 13,5% environ du total. Sur 97 sites, 82 sont des habitats et 17 sites sont des amas de scories (ici exclusivement de fer). Certains de ces sites perdurent dans le temps et ont donc été cartographiés à plusieurs reprises. Le territoire de Neuvy-le-Roi est occupé depuis le Paléolithique, mais, si la Protohistoire y est très mal représentée (carte 2), l'époque du haut Moyen-Age est ici riche en sites, bien qu'elle soit généralement difficilement identifiable en prospection au sol (carte 4 et 5). Pour l'époque romaine (carte 3), l'étude du mobilier « hors-site » permet d'observer l'accroissement en densité de la céramique à l'approche de l'habitat correspondant. Par ailleurs, depuis cette époque, on observe la continuité de l'habitat : les fermes modernes se trouvent à proximité des habitats anciens. Sur 9 sites de grande ou moyenne concentration, il y en a un qui se trouve en partie sous une ferme actuelle et 6 qui ont perduré sous la forme d'habitats du haut Moyen-Age, auxquels succédèrent des fermes médiévales et modernes. La répartition de l'habitat actuel sur l'ensemble de la commune, est semblable à celle qui est visible sur l'ancien cadastre de 1834 ; tout laisse donc à penser, qu'elle a été fixée au plus tard au cours de l'époque moderne.

Neuvy-le-Roi, est mentionné comme vicus à la fin du 6e s. par Grégoire de Tours, qui y signale l'existence de deux églises. Il raconte que la première a pris le vocable de saint Vincent après avoir reçu des reliques de ce saint apportées par des pèlerins de passage, et que la seconde a été fondée de son temps par un laïc désireux d'exalter les reliques de saint André que son père avait rapportées de Bourgogne. L'église Saint-Vincent peut sans doute être identifiée à l'église actuelle, qui porte le même vocable. L'église Saint-André a disparu mais ses vestiges sont encore identifiables dans un bâtiment actuel.

Neuvy-le-Roi est mentionné ensuite comme chef-lieu de viguerie en 895, puis disparaît des sources écrites jusqu'au 13e s. La première mention de la paroisse de Neuvy apparaît dans une charte de l'abbaye de Marmoutier en 1236. Un grenier à sel est attesté depuis l'époque moderne, grâce à la présence de grenetiers.

La comparaison de l'ancien cadastre, qui date de 1834, avec le cadastre actuel, montre que si le parcellaire n'a pas beaucoup évolué, le paysage en revanche s'est métamorphosé. Alors qu'il était en grande partie bocager au 19e s., c'est aujourd'hui un paysage d'openfield et certaines cultures, comme la vigne, ont disparu. L'étude des microtoponymes a apporté des renseignements divers, sur la couverture végétale, les exploitations agraires, les paysages, la nature du substrat et la présence des lieux humides.

A Neuvy-le-Roi, les diverses méthodes de prospection employées, ont permis l'enregistrement de quelque 150 sites au total (97 découverts en prospection et 54 connus par les toponymes mentionnés dans les sources écrites et localisés sur le cadastre). Cependant, alors que la répartition de l'habitat rural a pu être assez bien cernée, peu de précisions ont été apportées aux diverses questions concernant l'agglomération, notamment sa création, son organisation, ses lieux d'inhumation et ses voies d'accès. La mise en place d'un seul tronçon de route a pu être datée au plus tard au 6e s.

Voir aussi :
- L'habitat rural au Moyen Age

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