Sorigny, "Nétilly" : un habitat rural du haut Moyen Age (8e-9e siècles)


Sébastien Jesset

Le site de « Nétilly », découvert à 2 km du centre bourg en limite de commune, se trouve à 1,5 km au sud de la rivière de l'Indre, sur le plateau de Sainte-Maure. Il est bordé au sud par un ruisseau temporaire : « les Courrances de la Craye » appelé aussi « le Ruisseau de Monts »

La première occupation est datée du Néolithique Moyen II. De cette période il subsiste quelques traces dont un fond de fosse où se trouvait le col d'une bouteille décoré de pastilles.

A partir du deuxième Age du Fer et durant toute la période gallo-romaine, les terrains sont mis en culture et se trouvent alors à la périphérie d'un habitat qui se développe plus à l'ouest (CHAMPAGNE 2002). De rares fossés de limite et quelques fosses et trous de poteau dans l'angle sud-est du décapage pourraient appartenir à cette période (carte 2).

Dans le courant du 8e siècle une première occupation structurée se met en place (carte 3). Les vestiges consistent en un fossé orienté est-ouest le long duquel prend place un foyer rectangulaire, une fosse de plan quadrangulaire de type cellier, quelques autres fosses à la fonction inconnue et une série de quatre ou cinq bâtiments dont ne subsiste que la file de poteaux centraux. Les comblements de ces structures, très pauvres en mobilier céramique, contiennent des éléments de maçonneries en calcaire, vraisemblablement récupérés sur les constructions gallo-romaines précitées, alors à l'abandon (carte 3).

Au 9e siècle, apparemment sans hiatus, les bâtiments sont enserrés dans une imposante enceinte palissadée de 222 m de périmètre, formant un trapèze de 3020 m2. La régularité de l'ensemble semble traduire une opération de planification.

L'enceinte palissadée a vraisemblablement à la fois un rôle défensif et une fonction de prestige. La palissade semble avoir connu, peu de temps avant l'abandon du site, un démontage des sections est, nord et ouest pour partie, qui ne supportaient pas de bâtiment. A contrario, la section sud présente des traces de changement de poteaux permettant d'envisager un maintien sur le long terme.

Plus au sud, à l'extérieur de la palissade, a été découvert un petit ensemble funéraire comprenant sept individus (carte 4) (GEORGES 2002).

L'entrée principale, située à l'ouest, donne accès à une cour quadrangulaire qui comprend un puits d'extraction de matériaux calcaires et deux puits à eau disposés à chaque extrémité, dont le fonctionnement simultané est assuré. Cet espace, probablement zone libre dévolue à la circulation dès la période précédente, sépare au nord un secteur à probable vocation agropastorale (greniers, fosse de stockage (?), enclos, bergerie, étable ou écurie accueillant au moins une structures de stabulation, etc.) et au sud un secteur résidentiel (maison sur probable plateforme, structures excavées pour le stockage ou liées à l'artisanat domestique).

Les bâtiments du 9e siècle sont pour la plupart en matériaux mixtes, la pierre entrant dans la construction de solins destinés à isoler du sol les maçonneries en matériaux périssables.

Le bâtiment résidentiel et la présence d'une palissade ainsi que certains éléments du mobilier (en particulier la présence de fragments de vaisselle de verre et d'un stylet, attestant la pratique de l'écriture) suggèrent un statut aristocratique qui contraste avec le caractère paysan de la culture matérielle (alimentation, vaisselier céramique, mobilier témoignant des activités agricoles).

Le site paraît avoir été abandonné brutalement à la suite d'un incendie vers la fin du 9e siècle ou début du 10e siècle. Les corps de trois adultes et d'un enfant ont été découverts rejetés dans des fosses à l'intérieur d'un bâtiment abritant du bétail (document 2). Le cadavre d'un chevreuil a été retrouvé dans un puits, mais la détermination des rejets d'animaux a montré que l'alimentation carnée reposait sur la triade domestique bœuf/porc/caprinés (avec une dominance du bœuf), et que la chasse n'y tenait guère de place (YVINEC 2003).

Les analyses paléo-environnementales font ressortir un milieu ouvert, très anthropisé, avec des prairies et des zones cultivées peut-être circonscrites par des haies (ALLENET DE RIBEMONT 2003). La pratique d'une alternance entre prairie et culture semble pouvoir être avancée (PRADAT 2002).

Voir aussi :
- L'habitat rural au Moyen Age

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