Courçay : la villa carolingienne d'après les sources écrites et les prospections


Elisabeth Lorans

Le territoire de Courçay, qui couvre 2500 ha de part et d'autre de l'Indre, s'étire sur un plateau situé à 90 m d'altitude, entaillé en son centre, ou presque, par la vallée de l'Indre qui coule 30 m plus bas et qu'occupent des peupleraies et des prairies permanentes inaccessibles à la prospection de surface. Le village de Courçay, situé sur la rive droite, est en partie accroché au coteau au pied duquel se dresse l'église paroissiale Saint-Urbain, édifiée au 12e s.

La prospection archéologique conduite en 1987 et 1988 a porté sur 50 % des terres labourées de la commune et a permis d'identifier dix concentrations de mobilier archéologique, qui se sont ajoutées aux quatre sites connus auparavant (carte 1).

Le choix de prospecter ce territoire reposait sur l'existence de sources écrites décrivant la villa de Courçay, possession du monastère Saint-Martin de Tours, entre la fin du 8e s. et la fin du 10e s. Un diplôme délivré par Charles le Chauve en 862 indique que la villa comporte alors une chapelle, un manse dominical, 70 manses, parmi lesquels huit colonges sont dénommées, enfin un pré proche d'un lieu appelé Canavas. Six noms sur huit, cités dans l'ordre du texte, sont identifiables avec des toponymes actuels : Rubrus avec Rouvre, Camiliacus avec Chemallé, Macerias avec Mazère, Juis avec Geay, Gebriacus avec Givry, enfin Buxarias avec Bussière. Comparée aux limites actuelles de la commune, la localisation de ces lieux-dits semble dessiner, pour une large part, le pourtour de la villa, d'autant plus que d'autres villae ou vici sont attestés à proximité. Ces colonges pourraient correspondre à des hameaux, globalement énumérés dans l'ordre inverse des aiguilles d'une montre, peut-être conformément à l'itinéraire des agents chargés de collecter les redevances pesant sur les manses.

La localisation respective des colonges et des concentrations révélant des tessons gallo-romains et des 5e-7e s. suggère le maintien d'un habitat dispersé pendant l'Antiquité et le haut Moyen Age (LORANS 1995). A signaler également l'apparente continuité d'occupation sur les sites du Breuil, où une nécropole a pu voisiner avec un habitat, du Grand Geay, seule villa gallo-romaine repérée à ce jour, enfin du Grand Rouvre. Seule la fouille permettrait de confirmer ou d'infirmer ce constat, fondé sur des fourchettes de datation très larges. En tout cas, le village de Courçay, centre de prévôté de Saint-Martin au Moyen Age et à l'Epoque moderne, ne manifeste aucune concentration forte de l'habitat à ces périodes, pour autant que l'on puisse en juger à partir des plans les plus anciens.

Voir aussi :
- L'habitat rural au Moyen Age
- Athée-sur-Cher, "Bussière" : les établissements de l'Antiquité et du Moyen Age

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