Extraction du silex et débitage de grandes lames à la fin du Néolithique dans la région du Grand-Pressigny


Laure-Anne Millet-Richard

Carte 1

A la fin du Néolithique, entre 3000 et 2400 ans avant notre ère, des tailleurs ont exploité le silex de la région pressignienne, au sud de la Touraine, dans une zone limitrophe de l'Indre-et-Loire et de la Vienne, afin de débiter de longues lames qui représentaient des objets de prestige et étaient destinées à la diffusion, parfois sur de longues distances (jusqu'en Suisse, en Allemagne et aux Pays-Bas).

Aux environs de -3000, les lames étaient débitées à partir de nucléus à crêtes antéro-latérales (voir document 1) et ne dépassaient sans doute pas 23 cm de long alors qu'environ 200 ans plus tard, des lames plus grandes atteignant parfois presque 40 cm de long (voir document 4) ont été débitées à partir des fameuses « livres de beurre » (nucleus ainsi dénommés par les préhistoriens du 19e s. en raison de leurs bords crénelés et de leur forme ovalaire qui rappellent les pains de beurre pressés dans les moules en bois) (voir document 2). Sur les ateliers de taille, à côté des « livres de beurre », des lames courtes (dix à douze centimètres de long en moyenne) ont été débités sur des nucléus appelés nucléus plats (voir document 5) en raison de leur surface de débitage très plane. Ces lames courtes étaient ensuite transformées en couteaux à moissonner, appelés scies à encoches. Ces objets en partie utilisés sur place étaient aussi diffusés sur de longues distances mais dans une moindre mesure que les grandes lames.




Carte 2

Au Néolithique final, certains ateliers installés sur les gîtes de silex témoignent de toutes les étapes de la chaîne opératoire, depuis le dégrossissage des dalles jusqu'au débitage des grandes lames, comme à La Grasse Coue et à La Claisière à Abilly. Sur d'autres gîtes de silex, comme sur le site de Val Creuse à La Roche-Posay, les tailleurs ont juste dégrossi les dalles de silex (atelier de dégrossissage) avant de les transporter dans les fonds de vallées où les artisans ont poursuivi leur mise en forme depuis l'ébauche jusqu'à la lame, comme à Abilly "Bergeresse" ou à La Guerche "La Creusette" dans la vallée de la Creuse.




Document 1

Nucléus à crêtes antéro-latérales, Abilly, le Petit-Carroi (Musée départemental de la Préhistoire du Grand-Pressigny, dessin L.A. Millet-Richard)


A la fin du Néolithique, soit vers 3000 av. J.C. et environ deux siècles avant le débitage des grandes lames de « livres de beurre », des tailleurs ont obtenu des lames un peu moins longues puisque ne dépassant sans doute pas 23 cm et un peu plus larges à partir de nucléus appelés nucléus à crêtes antéro-latérales car présentant une face de débitage plus plane que celle des « livres de beurre ». Ces lames, également destinées à la diffusion, étaient transformées en poignards pisciformes (PELEGRIN, IHUEL 2005). La découverte de ce type de nucléus est très récente et aucun atelier dédié au débitage unique de ces lames n'a encore été mis au jour par des fouilles, même si des prospections en ont détecté, notamment sur la commune de Bossay-sur-Claise (WALTER et alii 2008)




Document 2

Nucléus appelé « livre de beurre » par les préhistoriens de la fin du 19e s. en raison de ses deux bords crénelés et de sa forme ovalaire rappelant les pains de beurre pressés dans les moules en bois, région du Grand-Pressigny (Musée départemental de la Préhistoire du Grand-Pressigny)




Document 3

Nucléus « livre de beurre », Abilly, le Foulon (Musée départemental de la Préhistoire du Grand-Pressigny, dessin L.A. Millet-Richard)




Document 4

Lame la plus longue (384 mm) du dépôt de Barrou, la Creusette (Musée départemental de la Préhistoire du Grand-Pressigny, dessin L.A. Millet-Richard)




Document 5

Nucléus plat, région du Grand-Pressigny (Musée départemental de la Préhistoire du Grand-Pressigny, dessin L.A. Millet-Richard)




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