Les piles funéraires gallo-romaines


Jacques Seigne

Le territoire des Turons a livré de nombreux vestiges attribuables à des tombeaux monumentaux. Malheureusement, la plupart d'entre eux ne sont connus que par des blocs d'architecture épars, retrouvés le plus souvent en remplois dans des églises ou lors de labours. Si les emplacements des mausolées auxquels ces quelques blocs peuvent être attribués ne devaient pas être très éloignés des lieux de leur réutilisation ou de leur découverte, leurs emplacements précis demeurent inconnus, tout autant que leurs forme, dimension, et décor. Seuls deux monuments font exception : la pile funéraire de Marcé-sur-Esves et surtout l'extraordinaire tour de briques de Cinq-Mars-la-Pile (carte 1).

Au lieu-dit " La Pierre ", à Marcé-sur-Esves, on voit, complètement isolés au sommet d'une légère ondulation de terrain, les vestiges très arasés d'une probable pile funéraire, aujourd'hui réduite à un massif de maçonnerie de plan carré de plus ou moins trois mètres de côté, en partie déchaussé et basculé, probablement à la suite de fouilles sauvages pratiquées à sa base (document 1). La structure actuellement visible ne représente sans doute que le corps maçonné d'une pile funéraire parementée en blocs de grand appareil, à l'image de la pile de Saint-Romain-Benet (Saintonge).

La datation attribuée à cette maçonnerie, 2e-3e s. de notre ère, se fait par analogie avec les piles du sud-ouest de la France, puisqu'aucune découverte de mobilier n'est attestée à ses abords (PROVOST 1988a : 34).

La pile de Cinq-Mars-la-Pile se dresse à 1450 m à l'est du bourg, à mi-pente du talus marquant la rive nord de la Loire (PROVOST 1988a : 112-113). De plan carré ce monument est exceptionnellement bien conservé, sa hauteur actuelle, 29 m, correspondant à sa hauteur primitive (document 2). Réalisé en blocage de maçonnerie entièrement parementée en briques, il possède encore son pyramidion sommital, curieusement orné d'une petite tour à chacun de ses angles de base. Sur sa face sud, le décor de panneaux de " mosaïques polychromes rouges et blanches " reste encore inexpliqué, faute de parallèles clairs.

Si par sa forme générale ce monument peut être rattaché à la série des piles funéraires du sud-ouest, sa fonction funéraire probable n'est en rien prouvée, malgré des fouilles récentes (MAROT 2005, 2006 ). La qualité de sa réalisation, l'emploi quasi exclusif de la brique et le décor de sa façade méridionale, sans parallèle connu en Gaule, en font, pour le moment, un monument unique dans l'architecture antique de notre pays.

Faute de preuves directes, le monument est généralement attribué au 2e s. par son architecture.

Voir aussi :
- Cinq-Mars-la-Pile, la pile funéraire gallo-romaine
- L'architecture monumentale gallo-romaine
- Les lieux de sépulture de l'Antiquité

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