L'habitat rural du Second âge du Fer (5e s.-1er s. av.notre ère)


Dorothée Lusson

Seuls les habitats ruraux bien caractérisés, explorés sur une superficie suffisante pour mettre en évidence des fosses de rejets domestiques, des bâtiments et des traces d'activités agropastorales et/ou artisanales ont été retenus pour cet atlas. Le territoire des Turons compte ainsi quatorze sites d'habitat rural du Second âge du Fer (période dite de La Tène, 450-25 av. n.è.) mis en évidence lors de diagnostics et fouilles préventives.

La répartition cartographique des habitats ruraux du Second âge du Fer montre que les découvertes sont largement assujetties aux grands travaux autoroutiers récents de l'A28 et l'A85. Toutefois, les clichés de prospections aériennes réalisés par Jacques Dubois montrent une répartition homogène sur tout le territoire turon des étblissements ruraux considérés comme gaulois.

Les sites de La Tène ancienne (450-275 av. n.è.) (carte 1)

Deux habitats sont répertoriés sur le territoire turon. L'occupation débute dès le Premier âge du Fer pour les « Fossés Blancs » Bléré (8e au 4e s. av. n.-è.) (MAGUER, LUSSON 2009 ; LUSSON 2014a). Deux phases sont distinguées pour « Les Chauffeaux » à Sainte-Maure-de-Touraine : -475/-425 et -350/-300 (document 1) (MAGUER, LUSSON 2009).

Les habitats de cet ensemble se caractérisent par l'absence de fossés d'enclos ou de tout vestige structurant visiblement l'espace. L'occupation, souvent lâche, est attestée par des constructions sur poteaux, des silos et des fosses de rejets domestiques. La fonction des bâtiments est difficilement interprétable. Aucun foyer domestique n'est repéré au sein des constructions. Les habitations sont sans doute situées au-delà de l'emprise décapée ou bien sur des emplacements vides de tout vestige. Ainsi, aux « Fossés Blancs », une zone a priori non bâtie est entourée de rejets domestiques et d'un puits : elle pourrait correspondre à l'emplacement d'une habitation. Les autres constructions sont des bâtiments annexes à une exploitation agricole : remise pour les outils, greniers surélevés, granges, etc. Le stockage des récoltes est attesté par l'existence de greniers mais également grâce aux silos enterrés.

La présence de fusaïoles et de pesons indique le travail du textile. Le vaisselier est constitué de céramiques communes destinées au stockage, à la préparation et à la présentation. Aux « Chauffeaux » à Sainte Maure-de-Touraine, la découverte exceptionnelle d'un élément de carquois en bronze et en fer du 5e s. av. n.-è. confère un statut particulier au site.

La base de l'alimentation est constituée de céréales (orge vêtue, millet commun, blé type froment, amidonnier ou engrain), de légumineuses (ers), et de fruits sauvages (noisettes et baies de sureau). La viande consommée est peu ou pas connue en raison de la très mauvaise conservation des restes de faune.

Les études palynologiques mettent en évidence la proximité d'un milieu humide (cours d'eau ou zone de marécage), et la carpologie atteste les cultures et prairies.

Les sites de La Tène moyenne (275-125 av.n.è.) et finale (125-25 av.n.è.) (carte 2)

Ces installations rurales sont fondées à la fin du 3e s. av. n.-è. et au début du suivant, à l'exception de l'enclos d'Epeigné (COUDERC 2006; COUDERC 2014b) aménagé vers -300. L'occupation se poursuit la plupart du temps jusque dans le courant du Ier s. av. n.-è., outre les sites de Neuillé-Pont-Pierre et de La Celle-Saint-Avant (document 7) (MAGUER, LUSSON 2009).

Un ou plusieurs enclos sont matérialisés par des fossés plus ou mois importants mais ne présentant aucun caractère défensif. Les accès correspondent à des interruptions simples, avec parfois des aménagements : poteaux soutenant un porche, entrée en baïonnette ou fossé rentrant en « L ». La présence d'un talus interne est épisodiquement observée. Les espaces fonctionnels sont délimités par des fossés : habitation, espace de stockage, zone de transformation des récoltes (foyers pour le grillage et meules), pacage du bétail).

Les autres activités attestées par le mobilier sont le filage (fusaïoles) et le tissage (pesons), le travail du fer (scories) et le travail du bronze à Fondettes (moules en terre). A Chanceaux-sur-Choisille (MAGUER, LUSSON 2009) où aucune activité de type agropastoral n'est attestée, l'installation semble se justifier par l'extraction de minerai de fer. En dehors de Fondettes (document 4) et de Chanceaux-sur-Choisille, les activités observées sont liées à la vie quotidienne domestique. Le mobilier céramique est commun avec toutefois des importations méditerranéennes plus ou moins lointaines (amphores). Le mobilier métallique est peu abondant et correspond à de l'outillage ou de la parure. Quelques dépôts remarquables témoignent de la différence de statut entre les sites d'habitat : des pièces de char ou chariot à La Celle-Saint-Avant, des fragments de gril à Esvres (document 5) (MAGUER, LUSSON 2009) et une épée pliée à Epeigné (MAGUER, LUSSON 2009).

Les indices de consommation alimentaire sont identiques à ceux de la période précédente, avec quelques ajouts concernant les fruits sauvages : la prunelle et le raisin. En ce qui concerne l'environnement immédiat des sites, il semble que les aires cultivées gagnent sur les zones boisées et humides.

Voir aussi :
- Esvres-sur-Indre, de la Protohistoire récente au début du Moyen Âge
- Sépultures et ensembles funéraires du second âge du Fer (475 à 25 av. notre ère)
- Les agglomérations à la fin de l'âge du Fer, 200 à 25 av. n.-è.
- Bléré, "Les Pentes de Vaugerin" : une exploitation agricole de l'âge du Fer
- Epeigné-les-Bois (37), « Les Allets », et Saint-Georges-sur-Cher (41) « Le Marchais Rond » : un établissement rural de l'âge du Fer
- Esvres-sur-Indre, "Les Billettes" : un établissement rural gaulois et gallo-romain
- Angé (41), " Le Bois de la Faix " : un établissement rural de l'âge du Fer

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