On connaît actuellement 94 sites funéraires répertoriés pour la période gallo-romaine dans la cité des Turons, mais seuls 30 d'entre eux ont une localisation et une documentation fiables (carte 1).
Les nécropoles sont les plus nombreuses et se rattachent souvent à une agglomération (Tours, Chinon, Amboise, Langeais ou Esvres). Généralement placées le long des voies ou en zones péri-urbaines, elles marquent la limite d'extension de la ville ou du village. Elles sont parfois délimitées par des fossés, des murs d'enceinte ou du parcellaire.
En contexte rural, plusieurs ensembles funéraires se rapportant à de petites communautés, ainsi que des sépultures isolées, sont mentionnés, et les sépultures d'enfants en bas âge à l'intérieur même des habitats ou à leurs abords immédiats ne sont pas rares. La seule nécropole connue en milieu rural regroupe 18 inhumations de nourrissons à l'intérieur des bâtiments d'une villa (site des « Béziaux » à Langeais) (GUIOT 2003a).
Des sépultures « privilégiées » se distinguent au sein des nécropoles par la place centrale qu'elles tiennent dans l'organisation spatiale et par le type de mobilier rencontré (Esvres « Vaugrignon », Tavant) (RIQUIER 2004 ; RIQUIER, SALE 2006) ; certaines sont isolées, et elles se singularisent alors par la richesse ou l'abondance de leur mobilier (tombe d'enfant de Cheillé), ou par un édifice ou une construction particulière (pile de Cinq-Mars-la-Pile (MAROT 2008), caveau de Fléré-la-Rivière (FERDIERE, VILLARD 1993)) (carte 4).
Quelques stèles ou inscriptions funéraires sont signalées à Tours, Cheillé, Céré-la-Ronde, et Chinon, mais leur provenance demeure la plupart du temps inconnue.
Les sites du Haut-Empire (du 1er siècle avant au 3e siècle de notre ère) (carte 2)
Parmi les sites funéraires connus dans la cité des Turons, 59 sont datés du Haut-Empire. La pratique de l'incinération domine au cours de cette période, sans exclure néanmoins le rite de l'inhumation. Ces deux pratiques coexistent souvent sur un même site, comme à Sublaines, ou dans les nécropoles de Saint-Patrice («Les Perreaux») (LELONG 1971a), Esvres («Vaugrignon») ou Langeais («Les Mistraits»).
Les enfants en bas âge et les nourrissons ne sont généralement pas incinérés mais inhumés,isolément ou en groupe, à l'intérieur des habitats ou dans des « aires réservées » dans les nécropoles (nécropoles de Ligueil, de Tavant, des « Béziaux » à Langeais, sépultures privilégiées de Descartes, Lignières-de-Touraine) (BOBEAU 1906). Ce traitement spécifique est conforme à l'usage en vigueur dans le monde romain, qui exclut de la crémation les sujets infantiles (BAILLS-TALBI, BLANCHARD 2006).
Pour les incinérations, les cendres sont habituellement déposées dans une urne en verre ou en céramique, le plus souvent enterrée dans une fosse ; elle est parfois préalablement placée dans un coffre en bois (Saint-Patrice « Les Perreaux », Vallères), en pierre (Theneuil, Cheillé) et, plus rarement, en marbre (Preuilly-sur-Claise). A Huismes, l'incinération était placée entre deux umbos de boucliers (BOUCHER 2004). Des offrandes sont faites sur le bûcher et se retrouvent souvent brûlées et mêlées aux cendres du défunt (vases en céramique ou en verre, monnaies, bijoux, objets personnels, chaussures, offrandes alimentaires...). D'autres dépôts (vases, amphores et offrandes alimentaires) sont aussi faits au moment de l'ensevelissement dans la tombe et symbolisent pour une part le banquet funéraire.
Pour les inhumations, le cercueil est souvent utilisé. On les trouve aussi en coffre ou en sarcophage de pierre, mais ce dernier semble plutôt réservé aux sépultures privilégiées, particulièrement pour les enfants (nécropole de Tavant, sépultures privilégiées de Descartes et Lignière-de-Touraine). A la fin de la période apparaît également le cercueil en plomb (sépulture privilégiée de Luzé). Les enfants en bas âge et les nourrissons sont généralement inhumés dans des céramiques (dolia, amphores). Le dépôt d'offrandes dans le cercueil ou dans la tombe est fréquent et peut être particulièrement luxueux, comme dans le cas des sépultures privilégiées (Fléré-la-Rivière). Parfois, en l'absence du corps, ils reflètent le statut ou l'âge du défunt (vases miniatures de la sépulture d'enfant de Notre Dame d'Oé) (FOUILLET et al. 2007).
Les sites du Bas-Empire (fin 3e-5e siècles) (carte 3)
Les sites répertoriés pour le Bas-Empire sont majoritairement des nécropoles, souvent peu documentées (Mareuil-sur-Cher, La Croix-en-Touraine).
Dans les nécropoles avérées, une continuité de l'usage funéraire est attestée de la fin de l'Antiquité jusqu'au haut Moyen Age. Elle s'observe aussi bien en contexte rural (nécropole de Noyant-de-Touraine) (BLANCHARD, GOMBEAU 1995) que dans les agglomérations, où elle est le plus souvent liée à la présence d'un édifice religieux, comme à Amboise (Place et collégiale Saint-Denis), Tours (cimetière du cloître Saint-Martin) (GALINIE, RANDOUIN 1981), ou Chinon (collégiale Saint-Mexme) (HUSI, LORANS, THEUREAU 1990).
L'inhumation est la seule pratique funéraire en usage au Bas-Empire, et le défunt est placé soit en pleine terre, soit dans un contenant, généralement un cercueil ou un sarcophage en pierre. D'autres contenants existent : coffrage de bois (Noyant-de-Touraine), assemblage de tuiles ou de pierres (Tours, site du cloître Saint-Martin), couverture de tuiles (Veretz), cercueil en plomb (sépulture privilégiée de Ports). Le dépôt de mobilier dans la tombe est fréquent (monnaies, vases, récipients en verre, bijoux, objets métalliques...), même s'il est généralement moins abondant et moins luxueux qu'au Haut-Empire.
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