Les Turons étaient installés sur un territoire inscrit entre celui des Pictons au sud et au sud-ouest, des Andécaves à l'ouest, des Cénomans au nord, et des Carnutes et des Bituriges Cubi à l'est. Nous nous proposons d'étudier leur frontière avec ces peuples voisins, de la période gauloise au XIVe siècle.
Bien que l'étymologie reste très incertaine, les toponymes issus du terme equoranda ou icoranda paraissent marquer une limite territoriale. Ils ont ainsi pu désigner des localités ou des rivières situées à la frontière d'une cité (DELAMARRE 2001: 138).
Dans notre cas, les toponymes dérivés d'equoranda semblent effectivement être en relation avec les limites de civitates. En effet, les « Ingrande(s) » ou « Ingranda » répertoriés se situent sur les frontières supposées des cités concernées (carte n° 1).
Pour la période gallo-romaine, il existe peu de données sur les limites de civitates dans les textes antiques. L'unique mention concernant le territoire de la cité des Turons se trouve chez César. En effet, en 51, César met son armée en quartier d'hiver et établit deux légions, soit le cinquième de ses troupes, chez les Turons « à la frontière des Carnutes » (De Bello Gallico, VIII, 46), sans plus de précision.
.La présence de monuments religieux ou de spectacle semble fréquente à proximité des frontières. Ces sites limitrophes sont interprétés comme des lieux de réunion entre peuples voisins. Dans le territoire turon, de grands ensembles cultuels sont localisés en limite de civitas (carte n° 2) : c'est le cas d'Yzeures-sur-Creuse (37), à proximité des Pictons, ou encore de Clion (36), où un théâtre et une aire cultuelle composée de deux fana ont été mis au jour.
Au 4e siècle, Sulpice Sévère localise le site de Clion à la limite entre les territoires turon et biturige (Dialogues, II, 8). Deux siècles plus tard, Fortunat situe lui aussi Clion aux confins des deux cités (Vita sancti Martini, livre III).
Les données relevées dans l'œuvre de Grégoire de Tours nous permettent de tenter une reconstitution du diocèse de Tours, du IVe au VIe siècle (carte n° 3). Le texte le plus important est celui de l'Historia Francorum (livre X, chapitre 31) qui présente la liste des églises édifiées dans le diocèse, de saint Martin à Eufronius. Il faut noter le caractère exceptionnel de ce type de source.
Contrairement à d'autres, la cité des Turons n'a pas été subdivisée et elle correspond à un seul diocèse au Moyen Age (carte n°4). L'étendue de celui-ci peut être reconstituée grâce aux pouillés qui donnent, à partir du 14e s., la liste des églises par diocèse. Ses contours paraissent assez proches de ceux de la cité des Turons (HERVE, RIQUIER, TROUBADY à paraître).
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