Le site de Sublaines « Le Grand Ormeau » a été fouillé en 2005 dans le cadre des travaux d'aménagement de l'A85 (Vierzon-Tours). Il est situé à 19 km au sud-est de la ville de Tours et à 2,5 km au nord du bourg de Sublaines (carte 1).
Un décapage extensif de près de 20 ha a permis de mettre au jour des vestiges archéologiques appartenant aux périodes du Néolithique moyen, de l'âge du Bronze moyen et final, de La Tène et de l'Antiquité (carte 2). Ils se répartissent en deux zones : à l'ouest un ensemble domestique caractérisé par des bâtiments, des fosses et des silos, datés de l'âge du Bronze et de La Tène ancienne, et à l'est un espace funéraire attribué au Néolithique, à l'âge du Bronze final, à La Tène et à l'époque romaine.
Le site est établi en limite nord-est du plateau de la Champeigne tourangelle qui occupe l'interfluve Cher-Indre caractérisé par une formation calcaire d'origine lacustre. Quelques poches de limons des plateaux sont également conservées par endroits. Le gisement occupe le versant, orienté au sud-est, d'une des têtes de vallon du ruisseau du Vaugerin qui constitue le dernier vallon important avant le développement vers l'ouest du plateau calcaire.
L'occupation néolithique
Dans le courant du 5e millénaire, une vaste enceinte circulaire est installée sur le point haut du site à une altitude de 100 m. Elle est formée par un double alignement de trous de poteau : 619 ont été révélés sur une distance d'environ 600 m.(carte 3)
L'espace intérieur reconnu sur une superficie d'environ 2000 m2 n'a révélé aucune construction contemporaine de l'enceinte. Une poterie de stockage de forme globulaire représente le seul mobilier relativement significatif, découvert dans un trou de poteau. La datation de cet ensemble monumental est assurée par quatre analyses du radiocarbone sur des charbons de bois.
Quatre sépultures à inhumations néolithiques ont été mises au jour à 300 m au sud-est de l'enceinte (carte 4). Elles étaient accompagnées de fosses dépourvues de vestige osseux et une d'elle contenait un dépôt qui combine deux vases retournés, du mobilier lithique (deux éclats laminaires dont l'un à crête) et les valves d'une moule d'eau douce (Unio). Le mobilier céramique est attribué à la fin de la période chrono-culturelle dite du groupe de Chambon (4600-4200 avant notre ère).
Les vestiges d'un habitat de l'âge du Bronze moyen
L'occupation du site à l'âge du Bronze moyen est caractérisée par quatre bâtiments sur poteaux et deux fosses (carte 5). Le mobilier céramique affiche une affinité avec le groupe dit des Duffaits (1500-1200 av. J-C.) qui s'affirme dans le Centre-Ouest.
Un habitat de l'âge du Bronze final
Après un hiatus de 500 ans, le site est une nouvelle fois occupé au Bronze final IIb/IIIa (1150-900 av. J-C.). Un grand bâtiment d'une longueur de 12,5 m et des fosses riches en mobilier céramique se rapportent à cette période (carte 6). D'autres bâtiments plus petits appartiennent sans doute à cette phase, comme plus d'une dizaine de fosses réparties sur une superficie d'environ 7 ha, mais l'absence de mobilier et de tout autre élément de datation ne permet pas d'affiner l'organisation spatiale, la forme et l'évolution de cet habitat. Si ces fosses n'offrent aucun critère remarquable, deux d'entre elles se distinguent pourtant par leurs comblements constitués essentiellement de tessons de récipients en céramique et de 88 fragments de tores.
Une incinération datée du Bronze final IIb/IIIa a été mise au jour dans la zone funéraire. L'urne et le vase d'accompagnement sont disposés dans la moitié ouest d'une petite fosse circulaire de 0,42 m de diamètre avec une profondeur conservée de 0,07 m. La présence d'une seule incinération de cette période est plutôt surprenante mais s'explique sans doute par la faible profondeur d'enfouissement du dépôt et par l'érosion du terrain.
Monde des vivants, monde des morts au second âge du Fer
Une présence sur le site au Hallstatt final est seulement attestée par la découverte de quelques tessons résiduels. L'occupation du site devient plus dense pendant La Tène ancienne (480-260 av. J-C.) avec, sur l'ensemble de la zone de fouille, des aménagements liés à un complexe funéraire à l'est et un habitat caractérisé par des silos, des palissades et des bâtiments à l'ouest (carte 7 et carte 8).
La zone domestique comprend 39 silos séparés par des palissades en tranchée d'un espace occupé par une soixantaine de bâtiments, le plus souvent de quatre à neuf trous de poteau (carte 8).
Le mobilier céramique provient essentiellement des silos, il a permis de reconnaître trois phases comprises entre La Tène A (480/450-400 av. J-C.) et C1 (260-200 av. J-C.). Un des silos a livré une sépulture d'enfant et une grande fosse ovalaire et profonde contenait le squelette incomplet d'un individu adulte de sexe féminin.
La zone funéraire est représentée par 12 enclos fossoyés quadrangulaires, des constructions sur poteaux et quelques sépultures dont deux incinérations (carte 7).
La quasi-totalité des enclos se rattache à des types bien connus dans les nécropoles laténiennes du Bassin parisien. Ils peuvent se regrouper en quatre catégories. La première regroupe les enclos à fossé continu inférieurs à 9 m de côté. La deuxième rassemble les enclos à fossé interrompu avec une longueur des côtés comprise entre 4 et 8,50 m. Les deux dernières constituent des variantes caractérisées par des fossés d'enclos ceinturés de trous de poteau. Elles se limitent à un seul individu par groupe.
Nécropole et activités agricoles à la période romaine
L'occupation funéraire se poursuit à la période romaine où l'on retrouve une dizaine de tombes datées entre le 1er avant J.-C. et le 3e ap. J.-C. Cette petite nécropole fonctionne en même temps que des structures domestiques liées à des activités agricoles. Les monuments funéraires laténiens étaient encore visibles comme le suggère la superposition de fossés parcellaires à ceux d'un enclos.
L'ultime phase de l'occupation du site est marquée par la présence de fossés et de trois sépultures datées entre le début du 5e siècle et le milieu du 6e s.
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