avec la collaboration de Pascal Alilaire et Viviane Aubourg (SRA Centre)
L'inventaire archéologique
Des premières ébauches d'inventaire dans les années 1960 jusqu'à une consécration législative en 2001, l'objectif de l'inventaire archéologique a toujours été le même. Premièrement, un recensement méthodique de l'ensemble des traces des activités humaines permet d'avoir une connaissance aussi complète que possible des lieux d'implantation humaine depuis la Préhistoire ancienne. Deuxièmement, cet inventaire doit servir de base à la programmation de la recherche et à une véritable politique d'archéologie préventive en suscitant des études de territoires ou de thématiques, en définissant les sites à protéger, à étudier ou à mettre en réserve.
Le Code du Patrimoine article L 522-5 (qui reprend les termes de la loi 2001-44 du 17 janvier 2001 modifiée depuis en 2003 et 2004) indique : « Avec le concours des établissements publics ayant des activités de recherche archéologique et des collectivités territoriales, l'Etat dresse et met à jour la carte archéologique nationale. Cette carte rassemble et ordonne pour l'ensemble du territoire national les données archéologiques disponibles. »
Dans ce cadre, les Services régionaux de l'archéologie (tout comme le DRASSM - Département des Recherches Archéologiques Subaquatiques et Sous-marines) peuvent conduire leurs propres enquêtes ou bien susciter et soutenir des programmes de prospection thématique ou diachronique exécutés par des archéologues professionnels ou bénévoles (Schneider 2014a).
L'inventaire n'est qu'une étape qui doit nécessairement être suivie d'une analyse des données, du recoupement avec d'autres études ou de la mise en place d'études thématiques. Les agents chargés de la « carte archéologique » au Service régional de l'archéologie poursuivent ce travail de recherche documentaire, d'analyse et de hiérarchisation des données au quotidien.
L'inventaire archéologique, outil de recherche et outil quotidien de gestion du territoire, forme donc une base de données en permanente évolution qui nécessite la mise en place d'outils de normalisation et de consultation. Plusieurs systèmes se sont succédé jusqu'à l'introduction de l'application actuelle « Patriarche ».
Patriarche, un outil national avec une déclinaison régionale
L'application informatique des Services régionaux de l'archéologie, Patriarche, comprend une base de données, un logiciel de requête et un système d'information géographique. Elle permet de connaître l'ensemble des données archéologiques disponibles sur le territoire national : 26 bases locales (celles des 25 SRA et celle du DRASSM) sont en effet rassemblées dans une base nationale consultable par les services raccordés au réseau du Ministère. Les données sont organisées en quatre grands ensembles reliés entre eux : les entités archéologiques, les sources documentaires, les protections réglementaires et les opérations archéologiques. Le traitement de ces données et leur visualisation sous forme de cartes permet de produire un état des connaissances pour des usages variés : recherche, administration, diffusion documentaire, suivi de l'aménagement du territoire...
La représentation est généralement en deux dimensions, mais un rendu 3D ou une animation présentant des variations temporelles sur un territoire sont possibles.
Patriarche a pris la suite en 2002 d'une application plus ancienne du Ministère de la Culture, la base de données DRACAR qui n'est plus active désormais. Ces deux bases fonctionnent sur des normes nationales d'indexation différentes et complémentaires : le site et l'entité archéologique (n° de département/n° de commune/n° d'ordre dans la commune). Le site est avant tout défini par une localisation topographique, tandis que l'entité archéologique correspond à « un ensemble cohérent de vestiges présentant une unité chronologique et/ou fonctionnelle (pouvant avoir perduré dans le temps) sur un espace donné ». Ainsi, un site peut être décrit par plusieurs entités archéologiques, une entité archéologique pouvant être aussi bien un site archéologique majeur très bien documenté, un groupe de structures contemporaines dont l'interprétation fonctionnelle n'est pas reconnue, un lot de mobilier voire un objet remarquable...
La consultation de Patriarche reste actuellement à usage interne des services du Ministère de la Culture qui en fournissent des extraits aux chercheurs, étudiants et archéologues effectuant des recherches sur un territoire et une problématique ciblée. A court terme, Patriarche devrait être consultable par les autres services publics d'archéologie préventive (qui ont pour mission de participer à son enrichissement) ainsi que par le grand public, selon des modalités d'accès définis par des conventions.
Voir aussi :