L'acte le plus ancien mentionnant la forêt de Loches, appelée forêt de Bois-Ogier au Moyen Age, date du 11e siècle, quand le comte d'Anjou accorde à l'abbaye de Beaulieu le droit d'y prélever son bois de construction et d'y nourrir cent porcs (Haureau 1856 : instr, n°44). Après avoir appartenu au comte d'Anjou, devenu roi d'Angleterre, la forêt devient propriété du roi de France en 1205. Une partie de la forêt est donnée à la Chartreuse du Liget lors de sa fondation en 1178. De nombreux usagers y ont par ailleurs accès. Elle fait partie d'une garenne royale localisée entre Indre et Indrois. Les autres bois contenus dans ces limites, dont certains jouxtent la forêt royale (document 1), sont donc soumis à un droit de ségréage versé au profit du roi (Jacquet-Cavalli 2003 : 136-144).
Comme l'a bien montré Elisabeth Lorans (Lorans 1996 : 17), le nom de Boisoger s'appliquait aussi à un massif situé sur la rive gauche de l'Indre, notamment sur les communes de Dolus et Chanceaux (Jacquet-Cavalli 2003 : annexe 3 bis-III). Ce bois existait encore au 15e siècle, mais a été défriché ensuite, le bois actuellement présent sur la commune ayant été planté au 19e siècle (Couderc 1987 : 250).
Quelques défrichements et aliénations furent réalisés au 15e siècle (Jacquet-Cavalli 2003 : 138-139). En 1594, Henri IV détacha de la forêt 265 ha, appelés bois du domaine, qu'il vendit avec le domaine de Loches à Gaillard de Saint-Pastor de Salern pour 4500 écus (Carré de Busserolle 1874-1884 : 103). Cette partie est restée privée depuis lors.
Aux 17e-18e siècles, les limites de la forêt royale n'ont semble-t-il pas beaucoup évolué, et sont relativement similaires à ce que l'on peut observer sur l'ancien cadastre, comme en témoigne un plan de 1770 (ADIL B227), car les défrichements clandestins sont très surveillés et les terrains réensemencés si nécessaire.
Concernant l'exploitation de la forêt, les comptes royaux du 13e siècle nous indiquent que le panage, suivi des herbages et des abeilles, sont des sources de revenus non négligeables. Mais les gains liés aux ventes de bois, qu'il s'agisse de bois mort, du ségréage des bois de la garenne de Loches ou des ventes de la forêt prennent la plus large part. Le bois de construction et de chauffage issu de la forêt de Loches semble avoir été utilisé dans un rayon relativement proche au Moyen Age et à l'époque moderne. La zone de Loches est par ailleurs caractérisée par de nombreux établissements industriels consommateurs de bois, même s'il est difficile de les dater précisément (carte 2). La ponction sur les ressources forestières locales devait donc être importante, mais si l'on en croit l'exemple des Chartreux, bien contrôlée, au moins à l'époque moderne (Jacquet-Cavalli 2003 : 161-172).
Au Moyen Age, la forêt de Loches est traitée en futaie. Des taillis existaient peut-être mais nous n'en avons pas mention si ce n'est dans la zone des Chartreux au 14e siècle. Au 17e siècle en revanche, ils sont nombreux en forêt de Loches. La forêt connaît aux 16e et 17e siècles une pression importante de la part des usagers, dont les peuplements souffrent (document 2). Cependant, la régénération naturelle se maintient, ce qui explique qu'une meilleure gestion, au 18e siècle, permette de redresser la situation (document 3 et document 4). La futaie est privilégiée, contrairement au choix des propriétaires ecclésiastiques de la zone, qui possèdent essentiellement des taillis. La politique de favorisation de la futaie en forêt de Loches se poursuit au 19e siècle. La gestion du 18e siècle a favorisé le développement du hêtre au sein de la forêt, même si le chêne reste majoritaire. Les trois essences les plus représentées sont donc le chêne, le hêtre et le tremble, auxquels s'ajoutent des résineux au 19e siècle (Jacquet-Cavalli 2003 : 144-155).
Les mauvais sols de la forêt, qui portaient des peuplements médiocres, concurrencés par la bruyère et la végétation arbustive, sont aujourd'hui plantés en résineux. Les sols de la forêt sont contrastés, mais globalement plutôt favorables aux peuplements. Les forestiers de l'époque moderne en avaient d'ailleurs une connaissance qui correspond relativement bien aux données actuelles (document 5). La forêt est installée en partie sur des bons sols, en partie sur des sols plus médiocres : certaines zones auraient pu être cultivées, d'autres correspondent à des sols plus ingrats, et certains sols cultivés alentour présentent des sols encore plus médiocres. La qualité des sols n'est donc pas le seul facteur qui est entré en jeu dans la délimitation de la surface de la forêt (Jacquet-Cavalli 2003 : 155-160).