Rigny-Ussé : les trois églises successives de Rigny (7e /8e s.-1859)


Elisabeth Zadora-Rio, Henri Galinié

Carte 1

L'ancienne église paroissiale Notre-Dame de Rigny, située au fond d'un vallon encaissé, a été désaffectée en 1859 lors du transfert du chef-lieu de paroisse et de commune dans la vallée de la Loire, à Ussé (aujourd'hui Rigny-Ussé), où une nouvelle église avait été construite. Les abords de l'ancienne église ont fait l'objet d'une fouille programmée conduite par le Laboratoire Archéologie et Territoires entre 1986 et 1999. En raison du mauvais état de l'église, seul un sondage limité a pu être effectué à l'intérieur. Il a permis néanmoins de découvrir, sous l'édifice qui subsiste actuellement en élévation, les vestiges de deux églises antérieures.




Carte 2

L'orientation défavorable par rapport au relief des églises successives, très décalée par rapport à l'orientation est-ouest habituelle des lieux de culte chrétiens, résulte de l'intégration de l'église X dans le même programme architectural que le bâtiment 14, construit vers la fin du 7e s. La construction de l'église X est donc antérieure à la destruction de celui-ci, qui intervient vers le milieu du 8e s., car le bâtiment 14 devait être encore en usage pour pouvoir influencer l'orientation de l'église.




Document 1

Vue aérienne de l'église Notre-Dame de Rigny

L'orientation de l'église, qui s'ouvrait face au versant, a nécessité des efforts constants (construction de murs, décaissements...) pour empêcher les dépôts de pente entraînés par l'érosion d'obstruer l'entrée.

L'accumulation des colluvions dans le fond du vallon a entraîné un exhaussement de la nappe phréatique, qui a conduit à condamner une probable crypte sous l'église à laquelle donnait accès l'escalier situé dans la croisée du transept. L'eau qui baigne les marches a donné naissance à la tradition d'une « fontaine miraculeuse » qui a alimenté, jusqu'à une date récente, des pèlerinages, mais qui ne semble pas attestée avant le 19e s.




Document 2

Les trois églises successives ont été désignées, de la plus récente à la plus ancienne, par les lettres Z, Y et X. Bien que les chevets emboîtés des églises X et Y n'aient été que partiellement fouillés, leur situation centrée dans la croisée du transept de l'église Z suggère que celle-ci a repris l'orientation des édifices précédents. Cette orientation à 52,5°N, qui présente un décalage de 37,5° par rapport à l'orientation est/ouest habituelle des églises, ne s'explique pas par une adaptation au relief, bien au contraire : en raison de cette orientation malheureuse, le portail s'ouvre face au versant qui est soumis à une forte érosion, et la nécessité de dégager l'entrée des colluvions qui l'encombraient a exercé une forte contrainte sur les habitants.




Document 3




Document 4

En limitant l'histoire complexe de l'édifice aux éléments du plan, cinq étapes peuvent être distinguées. La première campagne de construction comprend les vestiges de l'abside semi-circulaire préservés dans le mur nord du chevet (doc. 6), le bras nord du transept, et la nef. La seconde est liée au voûtement de la nef, et correspond à la mise en place des arcs-boutants dont les fondations ont été mises au jour au nord de l'église et restituées par symétrie au sud, où elles sont situées hors de l'emprise de la fouille. La troisième correspond à leur remplacement par des contreforts à une date qui ne peut être postérieure à la fin du 12e s. ou au tout début du 13e s. Une quatrième étape, mal datée, mais sans doute attribuable au 13e s., est représentée par la construction de l'avant-corps mis au jour par la fouille devant la façade occidentale de l'église (doc. 5). Enfin une cinquième grande campagne s'est traduite par la reconstruction du chevet et du bras sud du transept au 14e s.




Document 5

Les vestiges d'un avant-corps ajouté à la façade occidentale de l'église Z vers le 13e s. ( ?) ont été mis au jour par la fouille. Cette construction était constituée d'un mur-bahut supportant une charpente. On y accédait par un passage latéral ménagé au nord entre l'avant-corps et les contreforts de l'église. Les trous rebouchés visibles sur la façade occidentale permettent de reconstituer l'existence d'une toiture en appentis. Cet avant-corps fut sans doute construit initialement pour protéger le portail de l'église contre les colluvions provenant de l'érosion du versant, auxquelles l'église Z était encore plus exposée que les précédentes en raison de son agrandissement vers l'ouest. A partir de la fin du 15e s., il fut utilisé pour l'inhumation des enfants.




Document 6

Vestiges de l'abside semi-circulaire d'origine conservés au nord dans la partie basse du chevet plat à pans coupés qui l'a remplacée au 14e s.




Document 7

Vierge à l'Enfant avec un oiseau dans le bras sud du transept ; tête auréolée d'un homme vêtu d'une cotte de maille dans le bras nord du transept.

Ces peintures, qui ont été recouvertes d'un badigeon blanc au 19e siècle, n'ont été que partiellement dégagées lors des sondages de reconnaissance réalisés à l'initiative de l'Association Notre-Dame de Rigny en 1989. Ces sondages ont montré que l'intérieur de l'église devait être entièrement recouvert de peintures. Deux programmes successifs ont été identifiés, l'un du 14e s., l'autre de la seconde moitié du 15e s. (SUBES-PICOT 1990).

Crédits photos : Association Notre-Dame de Rigny




Document 8

Le Jugement dernier

Ces peintures murales représentant la Résurrection des morts, qui sortent nus de leurs tombeaux sous la conduite des anges, et la Damnation, figurée par des diables rouges qui conduisent un petit groupe de personnages nus vers la gueule d'un monstre d'où s'échappent des flammes, sont situées face à face sur les murs nord et sud du chevet, de part et l'autre de la figure centrale du Christ qui est peinte sur le mur est (Subes-Picot 1990).




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