Coordinateur des opérations archéologiques de l'A85 : Thibaud Guiot.
Fouille d'un peu plus d'1 ha (site n°39 sur le tracé de l'autoroute A85).
Le site médiéval de « La Jahonnière » est localisé sur le versant du plateau qui surplombe le cours du ruisseau de la Civière et sa confluence avec le ruisseau du Casseux.
La présence de 111 pièces de silex taillées et de quelques tessons atteste la fréquentation du secteur au cours du Paléolithique et de la Protohistoire. Cependant, aucune structure archéologique n'a pu être rattachée à ces périodes. La plus grande partie du mobilier lithique préhistorique a été retrouvée lors de la fouille des structures médiévales. La pièce la plus caractéristique est un biface de type cordiforme (Paléolithique inférieur [- 300 000 à - 200 000 ans], Acheuléen ?).
L'enclos médiéval (carte 2 et document 1) présente un plan rectangulaire, de 45 x 29 m. Il est délimité par des fossés interrompus de longueurs variables, orientés parallèlement ou perpendiculairement à la pente. Chaque interruption dans le tracé de l'enclos pourrait correspondre à un accès, et exclut le rôle défensif des fossés. Ceux-ci déterminent un espace renfermant des constructions (carte 2). Les deux fossés orientés nord-ouest-sud-est situés à l'intérieur de l'enclos pourraient correspondre à la limite initiale de l'enceinte avant son extension vers l'ouest.
La répartition des trous de poteau a permis de reconstituer les plans d'au moins deux bâtiments construits en matériaux périssables (clayonnage, torchis, chaume pour le toit...) sur armature de bois (carte 2). Le bâtiment 1 mesure 9 x 3,50 m. Il était probablement entouré d'une palissade formant un carré de 12,50 m de côté. Le bâtiment 2, de 3,60 x 3,10 m, pouvait être une annexe du bâtiment principal. L'existence d'un troisième bâtiment est supposée au sud-ouest, dans un secteur où le creusement d'une grande fosse moderne a fait disparaître les structures antérieures. Le plan de l'ensemble présente une organisation orthogonale. Le faible nombre de recoupements entre structures et de remaniements observés permet de penser que le site n'a été occupé que pendant une ou deux générations. La majorité des 137 tessons de céramique récoltés sont attribuables aux 12e et 13e siècles. L'absence de dépotoir et de niveaux de sol explique la faible quantité de mobilier découvert, la forte pente ayant accentué l'érosion de la zone. Le comblement d'une fosse comportait les rejets charbonneux d'un foyer qui n'a pas lui-même été retrouvé lors de la fouille. Cette fosse a livré une pierre à aiguiser.
L'abandon du site pourrait s'expliquer par un déplacement de l'exploitation agricole vers l'actuelle ferme de « La Jahonnière », située à seulement 110 m au sud-est.