Coordinateur des opérations archéologiques de l'A85 : Thibaud Guiot.
Fouille de 6 880 m² (site n°50 sur le tracé de l'autoroute A85).
Un site du Paléolithique moyen, localisé sur un versant en pente douce orienté est-sud-est, a été découvert dans un petit vallon sec confluant vers le Cher, via le ruisseau de Preuilland (document 1). La fouille a permis de cerner le gisement sur presque 7 000 m2, superficie jamais atteinte encore pour une fouille de site de cette période. Plus de 25 000 silex taillés ont été récoltés (document 2 et document 3). Ce gisement est l'un des très rares sites du Paléolithique moyen de la région Centre, à mi-chemin entre le nord et le sud-ouest de la France, deux régions où la tradition de recherches sur le Paléolithique est fortement ancrée. Plusieurs datations effectuées sur des silex chauffés permettent ici de faire remonter les occupations humaines au début de la dernière glaciation. Cette période correspond à la lente et progressive phase de dégradation climatique qui suit l'interglaciaire. Elle s'étend de -115 000 à -70 000 ans. Le climat était alors plus continental, et le paysage, en mosaïque (zones boisées et espaces avec herbacées), plus ouvert. Dans ce contexte circulent de grands troupeaux d'herbivores susceptibles d'être chassés par ces chasseurs-cueilleurs nomades du Moustérien. La présence d'eau, d'un gibier abondant et de silex de bonne qualité pour la fabrication des outils sont trois facteurs qui expliquent l'implantation du gisement. En raison de l'acidité du sédiment qui contient le niveau archéologique, les restes organiques (os, bois) n'ont pas été conservés et seuls les artefacts de pierre l'ont été. Les activités de taille du silex ont été effectuées à partir de rognons de silex turoniens récoltés sur place et sont orientées vers la production de pointes, de lames, d'éclats et de bifaces (document 4). L'ensemble du matériel est de très belle facture et démontre tout le savoir-faire des populations préhistoriques.
