L'architecture monumentale gallo-romaine


Jacques Seigne

Parler d'architecture monumentale gallo-romaine de la cité des Turons relève de la gageure si on limite la définition du terme aux monuments publics : hors Tours (Caesarodunum) qui a livré les vestiges d'un temple circulaire, d'un amphithéâtre, de thermes publics et d'une enceinte urbaine... sans parler des nombreux blocs de grand appareil provenant de différents édifices non déterminés, on ne peut citer comme autre monument public que le bâtiment des Mazelles à Thésée (ce site étant considéré comme dépendant du territoire Turon), le castellum du Bas-Empire de Larçay, le temple de Candes, les fana de Pouillé et d'Amboise (si tant est que l'on puisse qualifier ces modestes bâtiments de monuments) ainsi que le temple ( ? ) et le pilier votif d'Yzeure-sur-Creuse (PROVOST 1988a). Pour le reste, le territoire de la cité des Turons semble étrangement vide. Le bilan n'est guère plus brillant si l'on ajoute les différents blocs de grand appareil trouvés depuis cent cinquante ans, ça et là au cours de labours ou de travaux publics. La plupart des quelques fragments d'architecture mis au jour, et dont beaucoup sont aujourd'hui perdus, sont attribuables à des monuments privés, essentiellement des mausolées et autres monuments funéraires (quelques-uns de ceux-ci nous sont cependant parvenus dans un bon état de conservation : pile de Cinq-Mars, relief rupestre des Sauzelles...)

Le paysage de l'antique pays Turon reste également marqué par quelques monuments privés bien conservés en élévation comme les aqueducs de Larçay, de Contray, aux vestiges bien plus visibles que ceux de l'aqueduc dit du Cher, long de plus de vingt kilomètres, probable canal public d'alimentation de Caesarodunum. D'autres vestiges plus ou moins dissimulés par des constructions modernes sont beaucoup plus difficiles à reconnaître et à identifier, comme les thermes de Vernou.

Par ailleurs, la cartographie de l'ensemble des vestiges actuellement connus fait apparaître deux larges zones totalement vides de vestiges "monumentaux ", l'une au nord de la Loire, l'autre entre Indre et Vienne. Le manque de prospections systématiques peut être avancé pour expliquer ces "blancs", mais il semble peu probable qu'un, à plus forte raison plusieurs, monument public de grande dimension y soit découvert un jour. Les prospections réalisées au moment de la construction des autoroutes A 85 et A 43 n'ont pas entraîné de découverte majeure dans ce domaine.

Le contraste avec une cité voisine comme celle de Lemonum-Poitiers est particulièrement remarquable : chez les Turons, l'architecture publique monumentale est, semble t-il, restée l'apanage du chef-lieu. Peut-être est-ce l'une des raisons pour lesquelles certains des monuments de Caesarodunum nous paraissent complètement surdimensionnés, à l'image de l'énorme amphithéâtre élevé sur les bords de la Loire (WOOD 1983, 1984 ; SEIGNE 2007a). Avec ses 156 m de grand axe, il était l'un des plus vastes de l'Empire Romain et sa capacité de près de 35 000 places dépassait certainement les besoins de la seule ville. Peut-être est-ce également pour cela qu'aucun autre théâtre ou amphithéâtre n'est actuellement connu sur tout le territoire des Turons (à l'exception peut-être de Clion où un théâtre associé à un sanctuaire a été identifié, si tant est que Clion ait été situé en territoire turon).

Voir aussi :
- Thésée-Pouillé (Loir-et-Cher), l'agglomération antique
- Cinq-Mars-la-Pile, la pile funéraire gallo-romaine
- Les cultes des Turons : divinités et sanctuaires
- Les piles funéraires gallo-romaines

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