Hormis les différents oppida occupés aux derniers siècles précédents notre ère, aucune fortification datable du Haut Empire n'a été identifiée sur le territoire des Turons. En particulier, aucune trace de mur de protection n'a été repérée autour du site de la Caesarodunum des premiers siècles de notre ère.
Comme la grande majorité des autres capitales de cités, la ville ne fut dotée d'une enceinte qu'au Bas Empire. Les recherches récentes ont révélé que la fortification d'une partie réduite du périmètre urbanisé fut réalisée en plusieurs étapes, entre 3ème et 4ème s. Dans un premier temps, l'amphitéâtre seul fut aménagé pour être transformé en forteresse : le sommet de la cavea fut rasé et un large mur en maçonnerie (épaisseur 3,50 m), parementé en petit appareil, construit à l'emplacement des gradins supérieurs. Les vestiges de ce mur ont été retrouvés sur l'ensemble du périmètre du monument de spectacle. Parallèlement, les accès aux vomitoires secondaires furent bouchés. Seules les quatre entrées correspondant aux deux axes principaux furent maintenues. Ces travaux semblent pouvoir être associés au creusement du large fossé (plus de 13,50 m à l'ouverture) découvert au pied de l'ancien amphithéâtre, fossé daté de la fin du 3ème s. (GALINIE, LORANS, SEIGNE 2007 : 83-88). De tels travaux de fortification d'un monument public, théâtre ou amphithéâtre, antérieurement à la construction d'un véritable castrum, sont bien connus pour la même époque, à Avenche, Mandeures, Lillebone ou Senlis.
Ce n'est qu'un siècle plus tard que la ville fut dotée d'une véritable fortification enserrant une superficie de 9 ha environ (WOOD 1983 ; SEIGNE 2007b). Planifiée autour et en fonction de l'amphithéâtre/forteresse, l'enceinte de Tours est remarquable par la régularité de son plan (document 1). Le mur, large de 4,30 m en moyenne, est classiquement construit en maçonnerie parementée en petits moellons de calcaire et cordons de briques, posée sur un soubassement-fondation formé par l'empilement, sur plusieurs mètres de hauteur, de blocs de grand appareil pris sur les monuments du Haut Empire. Le nombre de tours, curieusement de plan circulaire à l'exception des ouvrages de plan octogonal flanquant les portes orientale et méridionale, a été revu à la baisse : il n'y en aurait eu que seize. De même, l'amphithéâtre n'a pas été chemisé. Seules les parties effondrées de son ancienne façade, (à partir du 6ème s. ?) furent rebouchées, au 8ème/9ème s. avec les blocs d'un monument antique jusque là préservé.
Cette fortification resta longtemps en service. Ses vestiges sont encore bien visibles, à l'exception des tours : leur structure, en grande partie creuse, n'a permis qu'exceptionnellement leur conservation.
Si l'existence, au 4ème s. de notre ère, d'un castrum à Caesarodunum/Tours apparaît tout à fait conforme aux attentes, celle, à Larçay, d'une petite forteresse, datable, également semble t-il, du 4ème s., apparaît beaucoup plus incompréhensible (document 2)(WOOD 1984). De plan trapézoïdal et pourvu de tours circulaires comme son grand voisin de Tours, mais de taille extrêmement réduite (la surface enclose dépasse à peine les 3000 m2), le castellum de Larçay aurait « contrôlé les routes Tours Bourges et une route N.-S. » (PROVOST 1988a : 65). Si la présence de routes reste possible bien qu'elle soit loin d'être assurée (en particulier l'axe N-S), l'existence, au centre du territoire Turon, à proximité de Caesarodunum, d'une telle fortification n'est pas sans poser de sérieux problèmes d'interprétation.
L'existence, à Chisseaux, sur la frontière supposée du territoire Turon, « d'une enceinte gallo-romaine, aux murs en petit appareil avec arases de briques, avec des tours cylindriques aux angles » (PROVOST 1988a : 60, citant de Caumont et Chevalier), s'expliquerait plus facilement. Toutefois, les observations, anciennes, ont malheureusement été trop limitées pour que la présence même d'une enceinte fortifiée aux confins du territoire Turon puisse être retenue pour le moment.
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