Les mégalithes sont des blocs de pierre de grandes dimensions dont on a fait usage pour l'élévation de monuments mais aussi, quelquefois, dans un but utilitaire comme polissoirs pour les haches. Ces monuments constituent les plus anciens éléments architecturaux connus dans le monde. Les plus fréquents sont les dolmens (Document 1) et les menhirs (Document 2). Si la signification des menhirs reste encore largement énigmatique, en revanche il ne fait pas de doute que les dolmens érigés au cours du Néolithique sont des espaces où ont eu lieu des inhumations. Une dernière carte présentée sera celle des inhumations non mégalithiques qui sont des inhumations non protégées par des chambres dolméniques.
Louis Dubreuil-Chambardel (DUBREUIL-CHAMBARDEL 1923) répertorie un certain nombre des sites concernés par cette notice. Son inventaire est complété en 1963 par la première publication de Gérard Cordier consacrée aux mégalithes d'Indre-et-Loire (CORDIER 1963) qui sera suivie en 1984 d'une nouvelle édition entièrement refondue et complétée.
Les dolmens d'Indre-et-Loire se répartissent en trois grands groupes géographiques (carte 1). Celui de la vallée de la Vienne est le plus remarquable, montrant un regroupement net le long de la vallée. Dans le nord du Lochois et en Champeigne tourangelle, quelques dolmens sont bien regroupés tandis qu'au nord de la Loire on observe un semis de monuments très divers. Il n'y a pas de grande unité dans leur architecture, on note des dolmens simples qui ne sont constitués que de trois blocs, des dolmens plus complexes du type de ceux de l'Anjou mais n'en ayant pas exactement toutes les caractéristiques et enfin des dolmens possédant une chambre circulaire. L'allée couverte de Saint-Antoine-du-Rocher, au nord de la Loire, est le plus remarquable de tous ces monuments ; sa dalle de couverture médiane a une masse qui est de l'ordre de 50 tonnes, la dalle septale porte un polissoir dont la position laisse penser qu'il existait avant que la dalle ne soit utilisée pour la construction du dolmen. C'est aussi le plus proche de la vallée de la Loire mais sa présence à cet endroit est plus liée à la géologie du lieu, l'existence à cet endroit de blocs de grès et de « perrons » de Touraine autorisant son élévation. Les autres grands dolmens du même type se trouvent dans la vallée de la Vienne avec les exemples de Cravant-les-Coteaux et de Thizay. Le dolmen du Liège (Nord Lochois) est un remarquable dolmen à chambre circulaire dont la dalle de couverture possède également un polissoir. Il reste une partie du tertre autour du monument, ce qui a permis la conservation du colmatage de petites pierres qui se trouve entre les orthostats. Il est probable que, comme pour tous les autres monuments, celui-ci était recouvert d'un tumulus de pierres et de terre dont il ne reste donc aujourd'hui que la base (Document 3). Les dolmens simples ne sont constitués que de quatre éléments : trois orthostats et la dalle de couverture. A Charnizay, on peut se demander si le dolmen a jamais été complètement érigé car trois énormes dalles seulement sont présentes et deux seulement sont érigées (Document 4).
Les menhirs sont très largement dispersés dans tout le département (carte 1). Ils sont cependant nombreux sur le plateau au nord de la Loire. On peut penser que la géologie locale est en grande partie responsable de cette répartition, les blocs de grès et de « perrons » de Touraine étant particulièrement abondants au nord de la Loire. Il est cependant étonnant de ne pas en observer plus dans la vallée de la Vienne où les dolmens sont nombreux. La signification de ces monuments (pierres dressées isolées ou quelquefois regroupées comme à Rillé où se trouve l' « alignement des trois chiens ») reste tout à fait énigmatique. Il est très rare qu'un dépôt soit associé à ce type de mégalithe. En revanche, hypothèses et légendes ne manquent pas à leur sujet (menhir de la pierre percée à Draché) (Document 2) comme d'ailleurs pour les dolmens (Les palets de Gargantua à Charnizay) (Document 4).
Des sépultures néolithiques sont également connues en dehors des monuments mégalithiques (carte 2). Ce sont toutes des découvertes anciennes à l'exception de celle de Ferrière-Larçon. A Manthelan et Ports-sur-Vienne, les sépultures étaient multiples mais les relevés de fouille n'apportent que peu d'indications.
Toutes ces structures attestent d'une importante occupation néolithique sur l'ensemble de la Touraine, occupation décuplée à l'extrême fin du Néolithique dans la partie sud du Lochois (Le Grand-Pressigny, Abilly) avec la mise en place d'une activité technologique et sociale sans précédent, et consistant en la production et la diffusion de grandes lames en silex.
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