Sépultures et ensembles funéraires du second âge du Fer (475 à 25 av. notre ère)


Jean-Philippe Chimier

Carte 1

Parmi les 19 sites retenus, 13 sont jugés fiables et proviennent soit de fouilles récentes, pour la plupart liées aux travaux d'archéologie préventive, soit de découvertes anciennes réétudiées récemment dans le cadre de travaux de synthèse. 6 autres sites présentent une fiabilité faible soit parce que leur contexte archéologique est inconnu (Nouâtre « La Grippe », Panzoult « Les Portes Rouges - Sous-Le-Bois » et Mazière-de-Touraine « Tortecol - La Grande Gaudrière » reconnus par photographie aérienne), soit parce que les données sont fragmentaires (Bossay-sur-Claire « La Verrerie », Sainte-Maure-de-Touraine « Les Vignes de la Cornicherie » et Abilly « Ribault »).




Carte 2

L'intervalle chronologique retenu englobe le deuxième âge du Fer ainsi que certains sites des premières décennies du 1er s. ap. J.-C. Ceux-ci ont été retenus, en raison de l'utilisation continue des nécropoles (Tavant, Esvres...) du 1er s. av. au 1er s. ap. J.-C. (RIQUIER, SALE 2006 ; CHIMIER, RIQUIER 2009) et de la permanence de certaines des pratiques funéraires au cours de cette période (MARION et al. 2011). La majorité des sites concernent la deuxième partie de la période, essentiellement la fin du 2e et le 1er s. av. notre ère.




Carte 3

Les rites de l'inhumation et de la crémation semblent coexister durant toute la période. Toutefois les sépultures les plus anciennes (Tours « ZAC Monconseil » - DJEMMALI 2007 : 20-25 ; Abilly « Ribault » - sépulture inédite) sont des crémations. Celle de Tours présente la spécificité de concerner deux individus : une inhumation et une crémation dont les ossements sont mélangés au comblement de la fosse. Deux crémations proviennent de la nécropole du « Grand Ormeau » à Sublaines et font partie des tombes les plus anciennes (5e - 3e s. av. J.-C.) (FRENEE 2008 : 339-344). Les nécropoles plus récentes d'Esvres et de Tavant (2e s. av - 3e s. ap. J.-C.) comportent essentiellement des inhumations, mais il s'agit en majorité de tombes d'enfants.




Carte 4

Compte tenu de l'importance attribuée au banquet dans la société du 2e âge du Fer, certains auteurs ont proposé de distinguer quatre classes de sépultures à arme en prenant les éléments du service à boisson comme marqueur de la hiérarchie sociale (POUX 2004 : 121-125 ; 222-226 ; MARION et al. 2011 : 115) :

A : « Organisateurs du banquet », sépulture avec de la vaisselle métallique à usage collectif et plusieurs amphores (Fléré-La-Rivière « La Bataillerie »)

B : « Convives du premier cercle », sépulture avec des éléments de service à boisson à usage personnel et des amphores (Châtillon-sur-Indre « Le Moulin de la Grange »)

C : « Convives du deuxième cercle », sépultures avec des vases à boire associé à une amphore (Esvres « Vaugrignon » et Husimes « Beaulieu »)

D : « Convives éventuels », sépultures avec vases à boires sans amphore (Bossay-sur-Claise « La Verrerie », Chinon « Fort-Saint-Georges », Tavant « Rue Grande »)




Document 1

La nécropole du « Grand Ormeau » à Sublaines est occupée de la fin du 1er âge du Fer au milieu du 2e s. av. J.-C., puis réoccupée durant la période romaine. Elle regroupe au total une trentaine d'individus dont 10 sont assurément attribués à l'âge du Fer. La topographie du site est marquée par la présence de monuments funéraires, des enclos fossoyés et au moins un tumulus (FRENEE 2007 ; FRENEE 2008). La nécropole est associée à un ou plusieurs sites d'habitats situés à proximité (LUSSON 2009).




Document 2

Dans la nécropole de Vaugrignon, à Esvres-sur-Indre, les tombes se répartissent en trois concentrations d'inégale importance, composées de 4, 9 et 15 tombes (RIQUIER 2004).

Chaque concentration se compose d'enfants, d'adultes et d'une tombe qui se singularise par le dépôt d'armes généralement associé à une amphore (3 tombes sur 4). On relève un fragment de paroi de four de réduction, déposé également aux pieds d'un jeune défunt. Sa tombe est située à proximité immédiate d'un adulte armé, aux côtés duquel une bourse contenant de probables amulettes, composées d'une monnaie, d'un menu fragment de bracelet en verre et d'une bille de minerai, suggèrent que ces deux défunts étaient impliqués dans des activités métallurgiques.

Il semble qu'une large part de la population de cette nécropole appartienne à une classe sociale privilégiée. Les sépultures à arme et amphore sont celles d'une élite guerrière, liée à la production ou au commerce du fer.

La nécropole de Vaugrignon a été utilisée de la seconde moitié du 2e s. à la fin du 1er s. avant notre ère.




Document 3

La nécropole protohistorique et antique de la Haute-Cour à Esvres-sur-Indre est connue depuis la publication d'une première série de tombes au début du 20e siècle et la fouille de 42 nouvelles sépultures en 2008. Les inhumations, groupées autour d'enclos funéraires, se répartissent en quatre ensembles distincts. La nécropole est utilisée du 2e s. av. J.-C aux premières années du 2e s. ap. J.-C. A une exception près toutes les sépultures ont livré du mobilier funéraire. Il s'agit de céramiques, de parures métalliques, de perles en verre, etc. Le nombre de dépôts dépasse exceptionnellement 4 par tombe ; les sépultures ayant livré le plus d'objets (jusqu'à 21) sont celles de la 1ère moitié du 1er s. ap. J.-C.






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