Dix-neuf sites ou indices de sites archéologiques ont été jugés suffisamment documentés pour être retenus dans cet inventaire. Il s'agit de sépultures isolées ou organisées en nécropoles et d'ossements humains retrouvés en contexte d'habitat (carte 1). L'intervalle chronologique retenu englobe le deuxième âge du Fer ainsi que certains sites des premières décennies du 1er s. de notre ère et reprend pour partie certains des sites présentés dans la notice d'A.Couderc et Ph.Salé sur les « Les lieux de sépulture de l'Antiquité » (COUDERC, SALÉ 2014). Si les gisements funéraires connus sont rares pour la période du 5e au 3e s. av. notre ère, ils deviennent plus nombreux par la suite (carte 2).
Contextes de découvertes (Carte 2)
Parmi les neuf sites correspondant à des nécropoles, quatre sont documentés par des fouilles récentes. L'ensemble funéraire du « Grand Ormeau » à Sublaines est occupé du 5e au 2e s. av. notre ère (document 1) ( FRÉNÉE 2008), alors que les nécropoles d'Esvres (document 2 et document 3) et celle de Tavant le sont de la fin du 2e âge du Fer à la période romaine (RIQUIER, SALÉ 2006 ; CHIMIER 2009 ; CHIMIER, RIQUIER 2009). L'aire funéraire d'Esvres-sur-Indre, qui pourrait être associée à une agglomération, présente une organisation particulière. Les 80 sépultures reconnues sont organisées en petits groupes d'individus, mis en place au 2e s. av. notre ère et successivement abandonnés à partir de la fin du 1er s. avant jusqu'au 2e s. de notre ère. Le contexte général de l'ensemble de « Ribault » à Abilly, qui comporte quelques tombes, est mal renseigné.
Six sépultures sont isolées. Il peut s'agir d'un effet de source, le contexte archéologique de la plupart d'entre elles, à l'exception de celles de Tours « ZAC Monconseil » (DJEMMALI 2007) et de Chinon « Fort Saint-Georges » (LARUAZ 2008) étant inconnu. Il est peu probable que les sépultures aristocratiques de Châtillon-sur-Indre et de Fléré-la-Rivière soient installées au sein de nécropoles mais elles ont pu être à l'origine d'un ensemble funéraire postérieur, à l'instar de la nécropole de la «Rue Grande » à Tavant.
La photographie aérienne révèle des sites constitués de plusieurs enclos quadrangulaires de quelques dizaines de mètres carrés qui sont souvent interprétés comme des nécropoles de l'âge du Fer (Nouâtre « La Grippe » ; Panzoult « Les Portes Rouges - Sous-Le-Bois »; et Mazières-de-Touraine « Tortecol - La Grande Gaudrière »). Aucune sépulture n'a été reconnue sur un site de ce type sondé aux « Vignes de la Cornicherie » à Sainte-Maure-de-Touraine, sans que l'on puisse préciser si elles n'ont pas été identifiées ou si elles en étaient effectivement absentes (CAYOL 2005).
Des restes humains retrouvés dans des structures d'habitat
La recherche récente atteste la présence de restes humains dans des structures d'habitat. Il s'agit de dépôts de corps dans des silos à grain ou d'autres structures de stockage, ou encore d'ossements erratiques retrouvés au sein des habitats. Cette pratique, bien attestée dans d'autres régions, n'est réellement reconnue en Touraine que sur le site du « Grand Ormeau » à Sublaines, dans deux structures datées entre le 5e et le 3e s. av. notre ère : un nouveau-né déposé dans un silo et un adulte dans une fosse à la fonction indéterminée ( FRÉNÉE 2008 : 267 ; MARION et al. 2011 : 110-111). Une tradition érudite locale du 20e s. attribue à tort une fonction funéraire à de multiples découvertes de silos à grains sans qu'elle soit justifiée par la mise au jour d'ossements humains (répertoriées dans PROVOST 1988). L'origine de cette interprétation est peut-être due à des découvertes avérées de squelettes en silo au 19e s. Signalons également deux sépultures datées de la première moitié du 2e s. av. notre ère qui ont été mises au jour dans le comblement d'un fossé sur le site de l'Hôpital Clocheville à Tours (DE FILIPPO 2007b : 205; GEORGES 2007 : 205). Enfin, des ossements humains épars ont été découverts au sein de structures d'habitat, datées de la fin du 2e et du début du 1er s. av. notre ère dans le cas du site de la « Tesserie », à Couesmes (QUILLIEC, LARUAZ 2009 : 128-129), et du 4e s. av.notre ère dans celui du site du «Grand Ormeau» à Sublaines (FRÉNÉE 2008 : 269). L'interprétation de l'ensemble de ces découvertes est toujours en débat. L'hypothèse selon laquelle cette relégation des défunts dans des silos traduisait une exclusion d'ordre social antérieure au décès est aujourd'hui contestée, et certains auteurs ont proposé d'y voir des dépôts propitiatoires ou expiatoires en relation avec des cultes liés à la fertilité et à la conservation des grains (BOULESTIN, BARAY : 230 ; DELATTRE 2010). Quant aux ossements erratiques, peuvent-ils entrer dans le domaine de l'archéologie funéraire ou doivent-ils être considérées comme des rejets domestiques (DUDAY, KAENEL 2011 : 356) ?
Inhumation et crémation
Inhumations et crémations sont attestées durant toute la période mais, à partir du 2e av. notre ère, la proportion de sépultures à crémation se réduit (carte 3) et semble réservée à des cas particuliers. C'est ce que suggère l'unique crémation de la nécropole de « Vaugrignon » à Esvres, datée des années 40 à 10 av. notre ère, qui était contenue dans une amphore (RIQUIER 2004 : 451-454) ou encore la sépulture à crémation de Huismes « Beaulieu » (BOUCHER 2004), déposée entre deux umbos de boucliers.
Dans les nécropoles de Sublaines et d'Esvres, la pratique de l'inhumation domine. Les corps, contenus dans des cercueils ou des coffrages, sont accompagnés de poteries et d'objets métalliques. A Esvres, le mobilier déposé est souvent mutilé, découpé ou brisé. Cette pratique a certainement différentes significations selon la période et le type d'objet. Plusieurs hypothèses ont été proposées : bris lors du repas funéraire, ou destruction symbolique des biens personnels du défunt (CHIMIER 2011 : 227-228).
Les sépultures de l'élite guerrière
Au cours du 1er s. av. notre ère, apparaissent des tombes contenant des individus inhumés avec des armes (Carte 4): on peut citer celle de « La Verrerie » à Bossay-sur-Claise (sépulture inédite), du « Fort-Saint-Georges » à Chinon (LARUAZ 2008), les sépultures de la dernière phase de la nécropole de « Vaugrignon » à Esvres (RIQUIER 2004), celle du « Moulin de la Grange » à Chatillon-sur-Indre (FERDIÈRE, VILLARD 1993), la sépulture S.11 de la nécropole de la « Rue Grande » à Tavant (RIQUIER, SALÉ 2006), celle de « La Bataillerie » à Fléré-la-Rivière (FERDIÈRE, VILLARD 1993) et enfin celle de « Beaulieu » à Huismes (BOUCHER 2004) qui est plus récente (1er quart du 1er s. de n. è.). Ce phénomène, reconnu au-delà de la Touraine, en Berry et dans le nord du Poitou, se poursuit au début de la période romaine. Le mobilier déposé montre une hiérarchie entre les tombes (MARION et al. 2011 : 115). Les plus importantes, celles dites du « Groupe de Fléré », sont des sépultures d'aristocrates localisées sur le territoire biturige et ses marges qui incluent celles de Fléré-la-Rivière et de Châtillon. Les sépultures à arme du 1er s. av. notre ère témoignent à la fois de l'affirmation d'une élite locale en voie de romanisation et de la forte instabilité de cette période, marquée par la conquête romaine (RIQUIER 2008 : 196-197 ; MARION et al. 2011).
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